jeudi, octobre 10

POLITIQUE – C’est une date que les chefs à plumes macronistes ont cochée depuis longtemps dans leur agenda. Celle de ce jeudi 10 octobre, où le bureau exécutif de Renaissance doit justement statuer sur autre date, celle du Congrès qui, selon les règles en vigueur, doit se tenir avant le 30 novembre. Mais plus que la date, ce sont les conditions dans lesquelles va se dérouler la succession de Stéphane Séjourné, désigné commissaire européen, qui mettent les nerfs des huiles du parti présidentiel à rude épreuve.

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Au cœur des inquiétudes, l’hypothèse d’une guerre fratricide qui affaiblirait davantage le parti présidentiel, à l’heure où la majorité de circonstance à laquelle il participe est traversée par de nombreuses tensions. Élisabeth Borne, qui s’est manifestée à la fin de l’été, est la seule candidate déclarée. L’ancienne Première ministre a rapidement engrangé des soutiens de poids, comme Sylvain Maillard, Aurore Bergé ou encore Clément Beaune (aux faux airs de front anti-Attal). Oui mais voilà, en face, Gabriel Attal, qui a plié le match à la présidence du groupe, se verrait bien à la tête du parti, lequel pourrait s’avérer être une formidable rampe de lancement vers 2027.

Attal prépare le terrain

Sauf qu’il n’y a qu’un fauteuil pour deux. Et que, même s’il n’est pas encore déclaré, le président du groupe EPR à l’Assemblée prépare ostensiblement le terrain. Dimanche 6 octobre, 62 présidents d’assemblées départementales de Renaissance (sur les 94 que compte le parti) ont apporté leur soutien à Gabriel Attal dans une tribune publiée dans L’Opinion. « Gabriel Attal a le talent pour être le chef de notre parti et pour incarner l’avenir », soulignait, deux jours plus tôt dans Le Figaro, Valérie Hayer, présidente du groupe Renew au Parlement européen et ex-tête de liste du camp présidentiel aux européennes.

Le député des Hauts-de-Seine, marcheur historique, sait qu’il est très apprécié au sein du parti depuis qu’il a assumé de mener une campagne combative lors des élections législatives tout en subissant la dissolution décidée par le chef de l’État. Sa cote de popularité à l’échelle nationale (dans le top 5 des personnalités politiques préférées des Français selon le dernier baromètre YouGov pour Le HuffPost) est un autre atout qui joue en faveur d’une candidature, d’autant que rien n’interdit (à ce stade) de cumuler présidence du groupe et gestion du parti. « Sauf si le bureau exécutif décide que le cumul est interdit », prévient auprès du HuffPost un membre du « burex » tendance « non-cumul ». Le même juge que la compétition entre Élisabeth Borne et Gabriel Attal « pose moins un problème de ligne que d’équilibre des pouvoirs au sein d’une famille politique ».

Réunion secrète

Ce qui, au regard de la détermination affichée par les deux candidats, fait craindre un duel dont beaucoup se passeraient en Macronie. Résultat, Philippe Grangeon, macroniste de la première heure et également membre de l’instance, joue le casque bleu. Selon Politico, il a organisé une réunion secrète à son domicile avec les concernés dans le but de trouver un accord entre les deux, alors que le monde politico-médiatique avait les yeux rivés sur la motion de censure visant Michel Barnier.

Ce mercredi 9 octobre, L’Express, qui confirme la tenue de cette réunion, indique que l’hypothèse d’une candidature en « duo », a été évoquée. Sans forcément convaincre. « À ma connaissance elle refuse quel qu’accord que ce soit », souffle au HuffPost un proche de Gabriel Attal. Une inflexibilité qu’un proche de la députée du Calvados, acquis à l’option du duo, confirme : « je doute qu’elle accepte ». De l’avis de nombreux macronistes, le président du groupe EPR est ultra-favori, selon un principe maintes fois observé en politique : « les adhérents choisissent toujours le plus populaire ».

Une possible mise en orbite de Gabriel Attal qui agace Emmanuel Macron, alors que le lien s’est considérablement distendu entre les deux. Le chef de l’État souhaite que ses troupes conservent l’unité et ne souhaite pas que le parti se transforme en écurie pour 2027. D’où l’idée d’une « direction collégiale » qui circule en Macronie. Objectif : concilier les différentes sensibilités et éviter une guerre de succession. Ce qui fait doucement sourire un stratège macroniste : « c’est Emmanuel Macron qui voulait une direction collégiale, mais ça ne peut pas marcher. C’est l’assurance que le mouvement n’existe pas ».

Car au-delà de la bataille pour le siège du chef, c’est bien de l’avenir d’un parti taillé sur mesure pour Emmanuel Macron dont il est question. Pour Gabriel Attal en tout cas, l’objectif paraît limpide. Dans une interview au Point, il expliquait récemment avoir « une histoire à écrire avec les Français ». Le genre de projet pour lequel il est préférable d’avoir un parti derrière soi.

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