vendredi, décembre 5
La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, s’adresse aux médias à la résidence du gouvernement à Hanoï le 5 août 2019.

Federica Mogherini a annoncé jeudi 4 décembre quitter ses fonctions à la tête du Collège d’Europe, à Bruges, en Belgique, après son inculpation dans une enquête pour corruption relative à l’attribution par l’Union européenne (UE) à cet établissement d’un contrat de formation de futurs diplomates.

« Conformément à la rigueur et à l’équité avec lesquelles j’ai toujours exercé mes fonctions, j’ai décidé aujourd’hui de démissionner de mes fonctions de rectrice du Collège d’Europe et de directrice de l’Académie diplomatique de l’Union européenne », a écrit l’ancienne cheffe de la diplomatie de l’UE (2014-2019) dans un communiqué.

La responsable italienne de 52 ans était depuis cinq ans à la tête du Collège d’Europe, qui forme un grand nombre de fonctionnaires européens. Elle est mise en cause dans une enquête supervisée par le parquet européen sur des soupçons de favoritisme et de concurrence déloyale dans l’attribution d’un marché public par le service diplomatique de l’UE (EEAS).

Les enquêteurs cherchent à déterminer si le Collège d’Europe a été avantagé, dans un appel d’offres possiblement faussé, pour décrocher, en 2021-2022, un contrat de l’EEAS portant sur la formation de futurs diplomates européens. Selon le parquet européen, chargé de lutter contre la fraude aux fonds de l’UE, l’enquête vise des faits de « fraude et corruption dans le cadre de marchés publics, conflit d’intérêts et violation du secret professionnel ».

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Deux autres personnes inculpées

Outre Mme Mogherini, deux personnes ont été inculpées après une journée d’audition par la police belge, mardi, à Bruges. Il s’agit de Cesare Zegretti, codirecteur du Collège d’Europe chargé des formations et des projets, et de Stefano Sannino, un haut responsable de la Commission européenne, qui a annoncé mercredi mettre fin prématurément à ses fonctions.

Les trois suspects se sont vu signifier les charges pesant contre eux, sous le contrôle d’un juge d’instruction, puis ont été libérés par la police, car le juge a estimé qu’ils ne présentaient « pas de risque de fuite », avait précisé mercredi le parquet européen.

D’après Mariapaola Cherchi, son avocate, la levée de la garde à vue de Mme Mogherini, après dix heures d’interrogatoire, n’a pas été assortie d’une mesure de limitation de ses déplacements. « L’interrogatoire s’est très bien passé, ça a duré très longtemps, mais dans une totale transparence et dans la sérénité », a déclaré jeudi matin l’avocate à l’Agence France-Presse.

Dans le communiqué annonçant sa démission, l’ancienne ministre des affaires étrangères italienne se dit « fière » et « honorée » d’avoir dirigé le Collège d’Europe avec « l’estime et le soutien » des étudiants, y compris des anciens de l’Académie diplomatique de l’UE, le programme au cœur de l’enquête. Outre son campus de Bruges, le Collège d’Europe a deux autres antennes, une en Pologne, à Varsovie, et depuis 2024 une à Tirana, la capitale albanaise.

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Le Monde avec AFP

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