dimanche, décembre 28
Le pape Léon XIV bénit des enfants à son arrivée à Beyrouth, le 30 novembre 2025.

Le pape Léon XIV a exhorté dimanche 30 novembre les Libanais à « rester » dans leur pays, où l’effondrement économique depuis 2019 a aggravé l’émigration massive, insistant sur la situation intérieure sans évoquer les tensions régionales ni les récents bombardements israéliens.

Dans un discours au palais présidentiel peu après son arrivée, il a également appelé les dirigeants du pays à « se mettre au service du peuple avec engagement et dévouement » et souligné le besoin « d’autorités et d’institutions qui reconnaissent que le bien commun est supérieur à celui d’une partie ».

La crise économique qui a ruiné les Libanais a été imputée en grande partie à la classe politique, accusée de corruption, de clientélisme et de négligence.

Evoquant « une hémorragie de jeunes et de familles » quittant le pays, le pape a estimé qu’il « faut vraiment du courage et de la clairvoyance pour rester ou revenir dans son pays ». En l’absence de chiffres officiels, un centre de recherche indépendant, al-Doualiya, estime que 800 000 Libanais ont émigré entre 2012 et 2024 , dont un grand nombre de chrétiens. La population actuelle est estimée à 5,8 millions d’habitants, dont plus d’un million de réfugiés syriens.

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Arrivé de Turquie dans le cadre de son premier déplacement international, Léon XIV est venu porteur d’un message de paix au Liban, qui craint le retour d’un conflit ouvert avec Israël.

Il a insisté sur la situation intérieure et la nécessité d’œuvrer pour la « paix » – un mot répété 27 fois – sans évoquer les tensions régionales ni les récents bombardements israéliens.

« Résilience »

Dans son discours devant les responsables, la société civile et le corps diplomatique, accueilli par des applaudissements, le pape américain a appelé le Liban à « emprunter la voie difficile de la réconciliation » pour refermer les « blessures personnelles et collectives ». « Si elles ne sont pas soignées, si l’on ne travaille pas à une guérison de la mémoire, à un rapprochement entre ceux qui ont subi des torts et des injustices, il sera difficile d’avancer vers la paix », a-t-il mis en garde.

Le pays a connu une longue guerre civile (1975-1990) au sortir de laquelle aucun travail de mémoire ni de véritable réconciliation n’a été fait. La dernière guerre avec Israël a approfondi les clivages, le Hezbollah chiite ayant ouvert le front contre Israël en octobre 2023 pour soutenir le Hamas palestinien, soulevant l’opposition d’une grande partie des autres communautés, dont les chrétiens.

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Le pape américain a salué la « résilience » d’un « peuple qui ne succombe pas, mais qui sait toujours renaître avec courage face aux épreuves ». « Vous avez beaucoup souffert des conséquences d’une économie qui tue, de l’instabilité mondiale qui a également, au Levant, des répercussions dévastatrices de la radicalisation des identités et des conflits, mais vous avez toujours voulu et su recommencer », a lancé le chef de l’Eglise catholique.

« Dites au monde entier que nous ne mourrons pas » : discours du président libanais

Pour sa part, le président libanais, Joseph Aoun, seul chef d’Etat chrétien du monde arabe, a assuré dans son discours que « la sauvegarde du Liban, unique modèle de coexistence » entre chrétiens et musulmans, « est un devoir pour l’humanité ». « Car si ce modèle venait à disparaître, nul autre lieu ne pourrait le remplacer », a-t-il ajouté.

« Dites au monde entier que nous ne mourrons pas, nous ne partirons pas, nous ne désespérerons pas et nous ne nous rendrons pas (…) Nous demeurons l’unique espace de rencontre, dans notre région – et si j’ose dire dans le monde entier », a encore dit le président libanais.

En Turquie, Léon XIV a reçu un accueil chaleureux de la part de la petite communauté catholique, mais sa visite est restée discrète, notamment en raison d’un lourd dispositif de sécurité qui a empêché tout contact avec l’extérieur.

Il a cependant pris le temps de rencontrer en privé le père de Mattia Ahmet Minguzzi, victime à 14 ans, en janvier dernier, d’une agression mortelle dans un quartier populaire d’Istanbul qui avait choqué la Turquie.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés En visite en Turquie, le pape Léon XIV encourage le pays à favoriser « une paix juste et durable »

Le Monde avec AFP

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