jeudi, décembre 25
Une électrice dans un isoloir, lors des élections municipales à Mogadiscio, le 25 décembre 2025.

Les Somaliens du grand Mogadiscio sont attendus aux urnes, jeudi 25 décembre, pour des élections locales, les premières au suffrage direct depuis près de soixante ans dans la capitale de ce pays instable, qui a annoncé un important dispositif de sécurité contre d’éventuelles attaques. Plus de 10 000 membres des forces de sécurité vont être déployés dans la capitale, a indiqué le gouvernement, qui se bat depuis 2006 contre les islamistes chabab, liés à Al-Qaida.

La guerre fait encore aujourd’hui rage à 60 kilomètres de Mogadiscio, où les insurgés ont repris plus de 200 villages cette année, annulant la plupart des gains d’une campagne militaire en 2022-2023.

Les autorités affirment que les attaques ont baissé de 86 % dans la capitale grâce à davantage de caméras de surveillance, de check-points et de policiers en civil surveillant les foules. Ce qui n’a pas empêché, ces six derniers mois à Mogadiscio, un attentat raté contre le convoi présidentiel, des tirs d’obus près de l’aéroport et l’assaut d’un centre de détention.

L’autorité de l’aviation civile a déclaré que le principal aéroport du pays sera fermé jeudi, jour du scrutin, dans la région de Banaadir, celle de la capitale, considéré comme un test avant la présidentielle prévue en 2026, à la fin du mandat de Hassan Cheikh Mohamoud. Les principaux partis d’opposition l’ont cependant boycotté, accusant le gouvernement fédéral de « processus électoraux unilatéraux ».

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Un scrutin historique dans un contexte de tensions

Près de 400 000 électeurs inscrits – sur plus de 2 millions d’habitants de cette région – sont attendus aux urnes, selon la commission électorale. Ils doivent départager 1 600 candidats pour 390 sièges locaux. Le vote direct en Somalie avait été aboli après l’arrivée au pouvoir du dictateur Siad Barré, en 1969.

Depuis sa chute en 1991, le système politique dans la plupart du pays s’est articulé pendant des décennies autour de la myriade de clans et sous-clans qui composent la société. Le suffrage universel est cependant déjà en place dans la région séparatiste du Somaliland, qui a déclaré son indépendance en 1991 mais n’a jamais été reconnue au niveau international.

En mai 2023, l’Etat semi-autonome du Puntland (Nord) avait organisé des élections locales au suffrage universel, mais y avait ensuite renoncé.

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Le gouvernement fédéral a approuvé, en août 2024, le retour au suffrage direct – une volonté cependant largement perçue comme une stratégie du président, Hassan Cheikh Mohamoud, pour prolonger son règne. Le scrutin pilote de jeudi, organisé selon le principe « un homme, une voix », a été reporté à trois reprises cette année.

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Tout en détaillant les mesures de sécurité, dont la restriction de la circulation, et le transport d’électeurs aux bureaux de vote en bus, le président de la commission électorale somalienne, Abdikarim Ahmed Hassan, s’est félicité, le week-end dernier, d’un « grand moment pour le peuple somalien ».

L’analyste en sécurité Samira Gaid se montre cependant sceptique et décrit un processus « orchestré » pour donner l’illusion d’une démocratie. « La participation civile est quasi nulle », regrette-t-elle dans un entretien à l’Agence France-Presse.

Selon une note de l’International Crisis Group datant de septembre, la situation actuelle en Somalie évoque la crise politique de Mohamed Abdullahi (dit Farmaajo). Des affrontements entre factions claniques avaient eu lieu en 2021 à la suite de son incapacité à organiser des élections législatives et présidentielle avant l’expiration de son mandat.

Alors que l’échéance se rapproche, aucun consensus n’a été trouvé sur la manière dont se déroulera le scrutin législatif et présidentiel de 2026, l’opposition menaçant d’organiser un processus parallèle si le gouvernement fédéral insiste pour un vote direct.

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Le Monde avec AFP

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