Les Roumains ont commencé à voter, dimanche 1er décembre, pour élire leur Parlement, avec, à la clé, une possible victoire de l’extrême droite et un basculement stratégique de cet Etat voisin de l’Ukraine, membre de l’Union européenne et de l’OTAN.
En quelques jours, le pays d’Europe orientale a vu se succéder des rebondissements, de l’arrivée en tête surprise au premier tour de la présidentielle du candidat d’extrême droite Calin Georgescu aux accusations des autorités quant à l’intégrité des élections. Elles ont mis en cause l’influence russe dans le contexte régional actuel et le rôle de la plateforme TikTok. Au point que le Conseil constitutionnel a ordonné un nouveau comptage, toujours en cours.
En cette journée de fête nationale en Roumanie, les bureaux de vote seront ouverts jusqu’à 21 heures (20 heures en France). Les sondages de sortie des urnes seront publiés peu après.
Après trois décennies d’une vie politique structurée par deux grands partis, les analystes prédisent un hémicycle fragmenté et des négociations difficiles pour former un gouvernement. L’extrême droite, disséminée entre plusieurs partis qui ont en commun de s’opposer au soutien à Kiev, est créditée de plus de 30 % d’intentions de vote.
Choix « existentiel »
Depuis la chute du communisme en 1989, la Roumanie n’a jamais connu pareille percée, mais la colère des 19 millions d’habitants couve devant les difficultés économiques et la guerre de l’autre côté de la frontière.
Plusieurs formations de ce bord politique sont présentes : l’Alliance pour l’unité des Roumains (AUR), dont le candidat, George Simion, a recueilli près de 14 % à la présidentielle, mais aussi SOS Romania, dirigé par la tempétueuse candidate favorable au Kremlin, Diana Sosoaca. Un nouveau parti, le Parti de la jeunesse (POT), a fait son apparition après la surprise Georgescu, qu’il soutient, et pourrait franchir le seuil des 5 % nécessaire pour entrer au Parlement.
Dans le camp proeuropéen adverse, les centristes de l’Union Sauvez la Roumanie (USR) espèrent tirer leur épingle du jeu après la deuxième place décrochée à la présidentielle par leur cheffe de file, Elena Lasconi.
Grands perdants dimanche dernier, les sociaux-démocrates et les libéraux, au pouvoir dans une coalition, mettent en avant leur « expérience » pour tenter de limiter la casse. Dans un ultime appel, le président proeuropéen sortant, Klaus Iohannis, a qualifié les élections de « cruciales pour la direction de la Roumanie dans les années à venir ». Rester « un pays de liberté », « une nation européenne moderne » ou « sombrer dans un isolement néfaste et renouer avec un passé sombre », voilà « le choix existentiel auquel nous sommes confrontés », a-t-il averti.
Défiance envers les institutions
La décision de la Cour constitutionnelle de recompter les bulletins du premier tour de la présidentielle a provoqué l’inquiétude à Bucarest.
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Pour Septimius Parvu, coordinateur du groupe de réflexion Expert Forum (EFOR), nul doute que cette décision « mine la confiance » dans les institutions et est de nature à « alimenter » le vote d’extrême droite.
Les Etats-Unis se sont même immiscés dans le débat, espérant qu’aucune décision de l’entre-deux tours ne vienne « mettre en péril la crédibilité du processus électoral » et « ternir » la « solide réputation de la Roumanie comme partenaire démocratique fiable », selon une déclaration de son ambassadrice à Bucarest, Kathleen Kavalec.