La presse roumaine l’a surnommé « le Elon Musk roumain » et « le roi de TikTok ». Mais jusqu’à cette semaine, un énigmatique influenceur se présentant sous le pseudonyme BOGPR n’avait guère fait parler de lui, en dehors des rubriques people et insolites. Son mode opératoire : intervenir dans les « live » TikTok des producteurs de contenus roumains pour leur faire des dons pouvant atteindre plusieurs dizaines de milliers d’euros, provoquant explosions de joie en direct et clips viraux. BOGPR, qui n’a pas donné suite aux sollicitations du Monde, ne semblait pas retirer grand-chose de ces bonnes grâces. Lui-même ne publie pas de vidéos, et était jusqu’à peu totalement anonyme.
Toutefois, depuis ce week-end et l’arrivée surprise en tête du premier tour de la présidentielle roumaine du candidat prorusse Calin Georgescu, quasi-inconnu il y a trois mois et crédité de moins de 5 % dans les sondages, la presse roumaine s’intéresse de près à BOGPR. D’abord parce qu’il faisait partie des soutiens de la première heure de Calin Georgescu : dès 2020, il publiait sur Facebook des messages soutenant qu’il serait un excellent président, à l’époque où M. Georgescu diffusait, en pleine pandémie de Covid-19, des messages antivaccination. Ensuite et surtout parce que le succès du candidat à la présidentielle, qui n’a quasiment pas fait campagne au sens traditionnel du terme, semble avoir été largement porté par TikTok, et notamment par une campagne douteuse de financement d’influenceurs.
Distributeurs de bitcoins
BOGPR est-il derrière cette opération d’influence ? A ce stade, rien ne l’atteste. Néanmoins, les médias roumains soupçonnent que l’homme pourrait avoir joué un rôle, du fait des importantes sommes d’argent distribuées aux influenceurs en deux ans et des compétences qu’il a su mettre en avant : son site personnel, désormais fermé, proposait jusqu’au mercredi 27 novembre des services de « protection » de comptes TikTok, promettant d’aider à échapper aux sanctions de la modération du réseau social.
Mardi, le média Gandul a révélé l’identité de BOGPR, mais les éléments recueillis par ce tabloïd roumain soulèvent plus de questions qu’elles n’apportent de réponse. De son vrai nom Bogdan Peschir, BOGPR semble mener grand train, à en juger par les deux voitures de luxe dans le garage de sa villa, que les journalistes ont pu photographier. L’origine de sa fortune reste nébuleuse : il dispose bien d’au moins une entreprise enregistrée en Roumanie, mais qui ne semble avoir aucun employé et dont l’objet social est flou.
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