lundi, octobre 21

INTERNATIONAL – Un scrutin crucial pour l’avenir de l’UE. Les Moldaves ont créé la surprise ce dimanche 20 octobre, en choisissant bien plus de « non » qu’estimé lors d’un référendum au principe de l’adhésion à l’Union européenne (UE). Selon les résultats partiels, le « oui » et le « non » sont au coude-à-coude ce lundi matin, avec un léger avantage (50,08%) pour le vote favorable, d’après les chiffres de la Commission électorale centrale. Ce résultat représente un revers important pour la présidente sortante Maia Sandu.

« La Moldavie a été confrontée à une attaque sans précédent contre la liberté et la démocratie de notre pays, aujourd’hui et au cours des derniers mois », a déclaré la cheffe d’État après les premiers résultats. « Des groupes criminels, agissant de concert avec des forces étrangères hostiles à nos intérêts nationaux, ont attaqué notre pays à coups de dizaines de millions d’euros, de mensonges et de propagande », a-t-elle dénoncé face à la presse, le visage grave.

En effet, ce scrutin a été assombri par des accusations d’ingérence russe, « catégoriquement » rejetées par le Kremlin. Entre opérations de corruption et de désinformation, la police a mené ces derniers mois 350 perquisitions et procédé à des centaines d’interpellations de suspects accusés de vouloir perturber le processus électoral pour le compte de Moscou.

Un système massif d’achat de votes a été révélé, visant jusqu’à un quart des électeurs attendus aux urnes dans le pays de 2,6 millions d’habitants. D’après le groupe de réflexion WatchDog, la Russie a dépensé une centaine de millions de dollars pour influer sur le scrutin. Avec, à la manœuvre, l’oligarque Ilan Shor, réfugié à Moscou après une condamnation pour fraude. Sur les réseaux sociaux, il a ironisé sur « la déroute » de Maia Sandu et son « échec lamentable ».

Des résultats qui présagent un second tour difficile

Si le « non » a longtemps dominé la course, le décompte des bulletins de la diaspora semble avoir permis de renverser in extremis la tendance. Après dépouillement de plus de 98 % des bulletins, le « oui » était légèrement devant avec 50,03% des suffrages. Parallèlement, la candidate de 52 ans est arrivée en tête du premier tour de la présidentielle avec 38 % des voix. Elle affrontera le 3 novembre Alexandr Stoianoglo, ex-procureur de 57 ans soutenu par les socialistes pro russes, qui fait mieux que prévu avec près de 29 % des suffrages.

Maia Sandu, qui a tourné le dos à Moscou après l’invasion de l’Ukraine voisine et porté à Bruxelles la candidature de son pays, avait convoqué ce référendum pour valider sa stratégie.. Mais son pari semble avoir échoué. Car même si le « oui » l’emporte finalement de justesse, ce résultat, sans remettre en cause les négociations avec les Vingt-Sept, « affaiblit en quelque sorte l’image pro-européenne de la population et le leadership de Maia Sandu », commente le politologue français Florent Parmentier, spécialiste de la région.

Première femme à occuper, en 2020, les plus hautes fonctions, cette ex-économiste de la Banque mondiale à la réputation d’incorruptible est devenue en quatre ans une personnalité européenne de premier plan. Dans un environnement géopolitique compliqué, avec l’Ukraine en guerre et la Géorgie accusée de dérive autoritaire prorusse, la Moldavie donnait à Bruxelles matière à espérer, souligne l’expert. Or après ce revers, une victoire de Maia Sandu au second tour est loin d’être assurée.

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