Ce mois de décembre n’aura pas été avare en études sur la richesse qui s’accumule au sommet de la société : le gestionnaire de patrimoine UBS se réjouit du boom de l’héritage des fortunes de milliardaires dans son 11e UBS Billionaire Ambitions Report, tandis que l’équipe internationale de chercheurs du Laboratoire sur les inégalités mondiales (World Inequality Lab, WIL), conduite par Thomas Piketty et Lucas Chancel, déplore la forte croissance des ultrariches dans son rapport 2026 et que l’Insee observe, pour la France, des inégalités de patrimoine nettement plus fortes que les inégalités de niveaux de vie…
Si l’enrichissement des riches n’a rien de surprenant dans nos sociétés capitalistes où l’argent sert avant tout à faire de l’argent, il s’avère que cette accumulation atteint une intensité et une concentration absolument inédites à la pointe du sommet. A quoi est-ce dû ? A la « création d’entreprises audacieuses et [au] succès entrepreneurial », comme le soutient UBS ? Ou aux choix de politiques sociale et fiscale sur lesquels insistent les auteurs du rapport du WIL ? Selon sa sensibilité politique, on penchera vers l’une ou l’autre de ces raisons, chacune ayant sa part dans l’explication. Cependant, on en oublie une autre : en matière d’inégalités de patrimoine, les politiques monétaires sont comme l’éléphant dans la pièce.
Les chiffres du rapport du WIL ont été beaucoup commentés, tant ils sont édifiants : les 10 % les plus riches détiennent les trois quarts du patrimoine mondial, les 1 %, plus du tiers (37 %), et les ultrariches (56 000 individus formant les 0,001 % des plus riches) ont vu leur part augmenter de 3,8 % du patrimoine total en 1995 à 6,1 % en 2025. Le lien n’a guère été fait avec les politiques monétaires qu’ont menées face aux crises (financière puis sanitaire).
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