
Les bijoutiers du bazar de Téhéran et les agents de change ont été parmi les premiers à gronder, baissant le rideau de leurs boutiques pour protester, dès dimanche 28 décembre, dans les rues de la capitale iranienne. La flambée de l’or et l’effondrement soudain du rial, la monnaie nationale, venaient ruiner leur commerce, amplifiant le malaise économique d’un pays miné par des années d’incurie des autorités, de corruption endémique et de sanctions internationales. Comme si une étincelle venait de s’allumer, les manifestants ont été rejoints par les commerçants d’autres parties de la capitale, quittant les uns après les autres leurs étals pour défiler dans les rues.
Plusieurs artères de Téhéran étaient noires de monde mardi, tandis que le mouvement se propageait aux grandes villes du pays : Ispahan, Chiraz, Kermanshah et Yazd… Ici et là, les universités bruissaient à leur tour d’une colère visant le pouvoir, qui a répondu par des tirs de gaz lacrymogène. « A 10 heures du matin, un de mes collègues a pris l’initiative de couper l’électricité de tous les magasins, raconte au Monde un commerçant d’Ispahan, joint par messagerie et qui souhaite rester anonyme. Comme un effet domino, quatre galeries voisines ont suivi notre exemple. Toute une rue s’est retrouvée fermée. Cela m’a fait prendre conscience de l’impact qu’un individu courageux peut avoir pour déclencher un mouvement de contestation à grande échelle. »
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