jeudi, mai 16

Le constat s’impose après l’attaque d’Israël par l’Iran, le 13 avril : « l’unité des fronts », invoquée par Téhéran et ses alliés au sein de « l’axe de la résistance » pour voler au secours du Hamas palestinien face à Israël, s’est refermée comme un piège sur la République islamique.

Les limites de cette stratégie étaient très vite apparues. Pensée comme un « front défensif » des intérêts iraniens, elle ne s’est jamais traduite autrement que par l’ouverture, au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen, de fronts de diversion aux ambitions limitées. Ignorant les appels du Hamas, qui a embarqué ses alliés malgré eux dans son entreprise dévastatrice contre Israël le 7 octobre 2023, l’Iran s’est refusé à engager une confrontation totale avec l’Etat hébreu.

Cette stratégie s’est aussi heurtée à la soif de vengeance d’Israël, qui a remis en cause toutes les règles d’engagement pour restaurer sa dissuasion après le 7 octobre. Portant des coups de plus en plus durs à « l’axe de la résistance » au fil de la guerre, l’Etat hébreu a placé la République islamique au pied du mur en attaquant son consulat à Damas, le 1er avril, au prix de sept morts parmi les gardiens de la révolution, dont deux généraux.

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Jusqu’alors, l’Iran invoquait la « patience stratégique » pour se soustraire à une riposte dont il ne voulait pas. Il se montrait prêt à assumer l’élimination méthodique par Israël des cadres des gardiens de la révolution iraniens, du Hezbollah libanais ou du Hamas et les entailles portées à son pouvoir de dissuasion, convaincu que l’issue de la guerre serait une défaite d’Israël, déjà dans l’impasse militaire à Gaza et isolé sur la scène internationale.

Réponse ferme

L’Etat hébreu a forcé l’Iran à sortir de la zone grise. Il lui a ôté l’argument du « déni plausible », derrière lequel il se réfugiait en laissant ses alliés agir en première ligne. Un véritable dilemme stratégique s’est alors posé à Téhéran : riposter au risque de provoquer une confrontation ouverte avec Israël, ou perdre son pouvoir de dissuasion et sa crédibilité auprès de ses alliés.

« C’est une décision qu’ils ne voulaient pas prendre, mais le rythme des humiliations devenait difficile à gérer », estime Emile Hokayem, expert en sécurité du Moyen-Orient à l’International Institute for Strategic Studies. « La réflexion en Iran a été qu’il faut une réponse ferme, au risque d’une guerre, sans quoi elle surviendra, de toute manière, dans quelques années », abonde Hamidreza Azizi, chercheur à l’institut de recherche Stiftung Wissenschaft und Politik, à Berlin.

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