Après le choc provoqué par le viol et le meurtre d’une médecin de la ville de Calcutta, des milliers d’Indiens ont réclamé justice lors de manifestations. Celles-ci ont eu lieu dans plusieurs villes jusqu’aux premières heures de la journée de lundi 19 août, tandis que les soignants du pays entament leur deuxième semaine de grève généralisée.
« Nous sommes avec les médecins (…) nous voulons la justice », ont scandé, dans une exceptionnelle vague d’unité, les supporteurs des clubs de football de Calcutta East Bengal FC et du Mohun Bagan, en dépit des pluies torrentielles de la mousson et des tentatives de la police de disperser le rassemblement.
Bablu Mukherjee, supporteur d’un des deux clubs, était présent. « Nous avons oublié nos rivalités pour faire cause commune et demander justice pour la médecin et sa famille, a-t-il expliqué à l’Agence France-Presse (AFP). La cause est plus importante que notre club, et même plus importante que la politique. »
« Un appel à l’humanité »
Le corps de cette médecin de 31 ans assassinée avait été retrouvé le 9 août dans un amphithéâtre de l’hôpital universitaire de Calcutta. Une autopsie a confirmé le viol et le meurtre. Dans une requête déposée auprès du tribunal, les parents de la victime ont dit soupçonner un viol collectif.
Depuis, si de nombreuses manifestations dans plusieurs villes du pays ont été menées à l’initiative des soignants, ces derniers ont été rejoints par des dizaines de milliers d’Indiens de différents horizons. Des centaines d’avocats vêtus de robes noires, des femmes pour la plupart, figuraient parmi les manifestants de Calcutta. « Pas de pitié pour les violeurs », pouvait-on lire sur une de leurs banderoles.
« Il ne s’agit pas seulement d’une protestation, mais d’un appel à l’humanité », a commenté auprès de l’AFP Sristi Haldar, une étudiante de 23 ans du Presidency College, qui s’est jointe au rassemblement.
Une audience prévue mardi
Du côté du personnel médical, l’Association médicale indienne a intensifié le mouvement en décrétant samedi une grève de vingt-quatre heures, excepté pour les urgences. Les médecins des hôpitaux publics du pays poursuivaient le mouvement lundi, tandis que ceux de l’hôpital où le meurtre a eu lieu se sont rassemblés devant le bâtiment.
Les soignants indiens réclament la mise en œuvre d’un projet de loi sur la protection centrale visant à prémunir les soignants contre la violence. « Nous sommes déterminés à ne pas céder aux pressions qui nous poussent à garder le silence (…), les manifestations se poursuivront jusqu’à ce que justice soit faite », a affirmé Shreya Shaw, une médecin.
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La Cour suprême de l’Inde s’est également saisie de l’affaire, en supervisant le processus judiciaire devant la Haute Cour de Calcutta, avec une audience prévue mardi. Cette dernière se tiendra dans un contexte tendu : dans ce pays où les violences sexuelles à l’encontre des femmes sont très répandues (avec en moyenne, près de 90 viols par jour signalés en 2022), les médias ont rapporté lundi l’arrestation de cinq hommes accusés d’avoir violé une enfant dans une gare routière de l’Etat d’Uttarakhand.