samedi, octobre 5

Les rues de Villeneuve-Tolosane (Haute-Garonne) sont désespérément vides en ce mercredi 3 juillet après midi. Avec leurs volets baissés, les pavillons proprets semblent tout endormis. Même chose pour les petits immeubles un peu plus loin. De guerre lasse devant les portes qui restent fermées, les troupes militantes de Christophe Bex, le député La France insoumise (LFI) sortant, qui a obtenu 33,2 % au premier tour, glissent leurs tracts dans les boîtes aux lettres. Quand enfin, une grille s’ouvre devant une retraitée intriguée et bavarde. « Macron a foutu la merde ! Maintenant on est mal barré avec le RN [Rassemblement national]. Il faudrait qu’on se retrouve avec des gens sincères pour arriver à s’en sortir », lance France.

L’octogénaire raconte qu’elle est venue s’installer ici après avoir pris sa retraite d’antiquaire et qu’elle ne comprend plus bien ce pays où « il n’y a plus de respect ». Soudain, elle se récrie : « Mais expliquez-moi, vous êtes de quel bord ? Mélenchon ? Je l’aime pas, il est grossier et imbu de sa personne. Vous ne pouvez pas le virer ? » L’élu ne se départit pas de son sourire en expliquant que le Nouveau Front populaire (NFP) est varié, que l’ancien candidat à la présidentielle ne se présente pas et que lui est un député de terrain. France lui promet de lire son prospectus et lui souhaite bonne chance.

L’« insoumis » soupire : « Mélenchon est complètement discrédité dans ces coins ruraux très socialistes. C’est lourd à porter… » Tout au long de la déambulation effectuée dans plusieurs communes de la périphérie sud de Toulouse, la réflexion revient régulièrement. Elisabeth Toutut-Picard (Renaissance), candidate Ensemble, arrivée en troisième position (avec 24,8 % des voix) s’est désistée dès dimanche soir, incitant les électeurs « à voter en leur âme et conscience » et leur demandant de « privilégier le choix le plus apte à protéger les valeurs républicaines et européennes ». En face, le candidat Les Républicains-RN, Gaëtan Inard, un proche d’Eric Ciotti, a atteint des sommets avec 40,4 % des voix, presque le double du score de 2022.

Les services publics ont disparu

Le report de voix n’apparaît pas évident après le flou des consignes nationales du camp présidentiel et une campagne très agressive contre le NFP. « Je suis inquiète car on sait comment fonctionnent les grandes vagues qui incitent les gens à suivre sans regarder les programmes », constate Agnès Benoit-Lutman, première adjointe au maire socialiste de Villeneuve-Tolosane.

Cette petite bourgade de 9 000 habitants est devenue une ville-dortoir, avec des commerces qui meurent et des transports inexistants. Ici, à 20 kilomètres de la Ville rose, on se sent loin de tout. « On vit plutôt bien dans ces bourgs, mais les gens ne veulent pas que ce qu’ils voient à la télévision arrive chez eux », constate Christophe Bex. Le débat se déroule désormais dans un climat de peur, remarquent les militants. Toute une somme d’incompréhensions, de frustrations, de colères, semble avoir été libérée par une décision de dissolution incomprise.

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