samedi, mai 18
Des manifestants portant des drapeaux nationaux géorgiens et européens défilent contre la « loi russe » dans le centre de Tbilissi, en Géorgie, le 3 mai 2024.

Comme tous les soirs depuis trois semaines, des milliers de personnes ont défilé dans le centre de Tbilissi dans la soirée du vendredi 3 mai pour protester contre le projet de loi sur l’« influence étrangère » adopté mercredi en deuxième lecture par le Parlement. « Non à la loi russe ! », « l’Europe est la seule voie vers la civilisation ! », ont scandé les manifestants, rassemblés en début de soirée sur la place de la Liberté, face à l’hôtel Paragraph, l’une des propriétés du milliardaire Bidzina Ivanichvili, le fondateur et actuel dirigeant du Rêve géorgien, le parti au pouvoir en Géorgie depuis près de douze ans.

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Qualifiée de « loi russe » par ses détracteurs, le texte est similaire à celui que la Douma a adopté en 2012 pour museler l’opposition au régime de Vladimir Poutine. En Géorgie, comme en Russie, la loi impose aux médias indépendants et aux organisations de la société civile de s’enregistrer en tant qu’entités « poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère » s’ils reçoivent plus de 20 % de leurs financements de l’étranger.

« Etre étiqueté “agent de l’étranger” dans son propre pays, c’est humiliant, cela revient à faire de nous des traîtres », déplore Kety Gujaraidze, une spécialiste de l’environnement au sein de l’ONG locale Green Alternative. Depuis trois semaines, cette militante de 52 ans est de tous les rassemblements, estimant que l’avenir de son pays se joue en ce moment dans les rues de Tbilissi. « En 2008, la Russie nous a envahis, elle était l’ennemi, c’était simple. Aujourd’hui, nous sommes attaqués par notre propre gouvernement qui cherche à museler la société civile et à nous couper de l’Union européenne. Nous n’allons pas rester les bras croisés », promet-elle.

« Nous, on se sent européens »

La jeunesse est le moteur de la contestation. Drapeau géorgien sur les épaules, Nia, Salomé, Tengo, Nodariko, étudiants ou lycéens, ne se sentent guère attirés par le modèle russe. « Notre gouvernement est inféodé à Moscou, pas nous. Nous, on se sent européens », affirme Salomé Aladachvili, une lycéenne de 16 ans. « On va continuer jusqu’au retrait de la loi, on n’a pas peur ! », s’exclame sa camarade, Nia Khourstsilava, 15 ans, son visage poupin encadré par deux nattes brunes. La loi, estime-t-elle, « brise le rêve européen » du pays et « compromet l’avenir » de la jeunesse. De quelle façon ? « Tous les domaines, les médias, les ONG, l’éducation seront touchés. Notamment les organisations qui assurent les échanges d’étudiants, par exemple dans le cadre du programme Erasmus. Nos relations avec l’Union européenne vont s’amoindrir, c’est ce que veut le gouvernement. »

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