Annoncée par la presse indienne comme une occasion de redonner son lustre d’antan à la relation entre les deux pays, la visite de Vladimir Poutine à New Delhi, à l’occasion du 23e sommet bilatéral entre l’Inde et la Russie, aura paradoxalement marqué la poursuite du déclin d’une relation qui, en Russie comme en Inde, ne mobilise guère au-delà des cercles gouvernementaux.
Les honneurs rendus au président russe ont avant tout servi à faire avaler la pilule des concessions faites à son homologue américain dans le but de préserver la relation de l’Inde avec les Etats-Unis. Ils traduisent une volonté de réassurance plus que de rééquilibrage et témoignent, paradoxalement, d’une proximité indienne toujours plus affirmée avec les Occidentaux.
Officiellement, la visite s’est inscrite dans une tradition bien établie de sommets bilatéraux. La dernière visite de Vladimir Poutine en Inde remontait à 2021, quelques mois avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie. La rencontre des 4 et 5 décembre s’est tenue dans un contexte néanmoins très différent des précédents, caractérisé moins par la guerre en Ukraine que par la nouvelle, improbable, et incertaine, posture américaine.
Si l’invasion de l’Ukraine avait fait de Vladimir Poutine un paria international, l’élection de Donald Trump lui a rendu une relative respectabilité. L’Inde, critiquée par la précédente administration américaine pour sa relative neutralité dans le conflit russo-ukrainien, aurait dû bénéficier de la nouvelle configuration.
Double perspective
Le refroidissement des relations indo-américaines, consécutif au traitement américain du conflit indo-pakistanais de mai, a toutefois changé la donne pour New Delhi. Ont suivi l’imposition de tarifs à hauteur de 50 % sur les exportations de l’Inde vers les Etats Unis, au prétexte de l’achat par New Delhi de pétrole russe, et un rapprochement inattendu entre Washington et Islamabad – à la faveur d’un soutien pakistanais à la candidature de Donald Trump pour le prix Nobel de la paix –, autant de facteurs compris par New Delhi comme signalant que les Etats-Unis de Trump n’avaient pas besoin de l’Inde.
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