
On croirait l’ouverture d’un roman de l’auteur de polars Qiu Xiaolong : une toile disparue, un musée prestigieux et une enquête d’Etat qui exhume des décennies de secrets poussiéreux. Une controverse inédite autour des collections du Musée de Nankin, dans la province du Jiangsu, secoue le milieu de l’art chinois. Le 23 décembre, Pékin a lancé une enquête après la réapparition d’un trésor du musée sur le marché des enchères. L’affaire mêle soupçons de corruption et remise en cause de décennies de conservation.
L’œuvre au cœur de l’histoire : Le Printemps du Jiangnan. Un paisible paysage attribué à Qiu Ying, l’un des quatre peintres emblématiques de la dynastie Ming (1368‑1644). On y voit des monts, une rivière calme et des arbres en fleur. Ce fragile rouleau de soie, peint à l’encre, avait été offert au Musée de Nankin par les héritiers du collectionneur Pang Laichen en 1959, parmi 137 œuvres d’art.
Pourtant, en mai, cette pièce est repérée dans le catalogue d’une vente aux enchères à Pékin, avec un prix de départ affiché à 88 millions de yuans (plus de 10 millions d’euros), attirant l’attention de spécialistes ainsi que celle de Pang Shuling, l’arrière-petite-fille du collectionneur. Face au tollé, la vente a été suspendue. Le vendeur était un homme d’affaires inconnu de la ville de Ningbo, dans la province du Zhejiang.
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