Ils avaient été condamnés pour des « délits de protestation » contre le pouvoir. Trente prisonniers politiques ont été graciés, mercredi 4 septembre, par le dirigeant biélorusse, Alexandre Loukachenko. Il s’agit de 23 hommes et 7 femmes, dont « la plupart sont des parents de mineurs et de jeunes enfants », a annoncé la présidence. Leur identité n’a pas été dévoilée à ce stade. Ces personnes « ont déposé une demande de grâce, reconnu leur culpabilité, se sont sincèrement repenties et ont promis de mener une vie respectueuse de la loi », a ajouté la présidence.
C’est la troisième fois en trois mois que le dirigeant autoritaire gracie des prisonniers.
A la mi-août, M. Loukachenko avait déjà fait libérer 30 prisonniers condamnés pour des manifestations antigouvernementales atteints de « maladies graves » ou âgés. En juillet, 18 prisonniers politiques ont également été libérés, dont l’ancien chef du Front populaire biélorusse, Ryhor Kastoussiov, atteint d’un cancer.
En graciant quelques dizaines de prisonniers, M. Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, cherche à améliorer son image avant la prochaine élection présidentielle de 2025, à laquelle il a annoncé se représenter. Le dictateur espère aussi alléger les sanctions occidentales qui pèsent sur le pays, allié numéro un de la Russie dans la guerre en Ukraine.
Ces libérations au compte-gouttes s’inscrivent dans un contexte de répression effrénée depuis la réélection contestée de M. Loukachenko, en août 2020. Dès que des prisonniers sont libérés, « leur place est immédiatement occupée par d’autres prisonniers politiques », a rappelé l’analyste Valery Karbalevich. Au cours des trois derniers mois, plus de 200 personnes ont ainsi été condamnées pour avoir manifesté dans le pays. Rien que cette semaine, au moins 33 personnes doivent être jugées pour avoir protesté contre le pouvoir, a souligné l’ONG de défense des droits humains Viasna.
« Etat de santé critique »
La Biélorussie compte près de 1 400 prisonniers politiques, dont le lauréat du prix Nobel de la paix Ales Bialiatski. Selon Viasna, elle-même visée par les autorités, au moins six prisonniers politiques sont morts derrière les barreaux. Plus de 200 sont, quant à eux, « dans un état de santé critique » et « leur vie est en grand danger » en prison, a alerté la cheffe de l’opposition biélorusse en exil, Svetlana Tsikhanovskaïa.
L’une des figures du mouvement de contestation de 2020, Maria Kolesnikova, a ainsi vu son état de santé se dégrader de manière alarmante, selon ses proches. L’opposante de 42 ans, condamnée à onze ans de prison en 2021, « ne pèse plus que 45 kilogrammes », affirme au Monde sa sœur, Tatsiana Khomich. Incarcérée dans la colonie pénitentiaire numéro 4 de Gomel (sud-est), Mme Kolesnikova est privée de toute communication avec ses proches et ses avocats depuis février 2023. Si sa sœur a pu avoir quelques nouvelles, c’est seulement grâce aux prisonniers politiques relâchés récemment.
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