dimanche, mai 19
Les codirigeants du parti d’extrême droite AfD, Alice Weidel et Tino Chrupalla, en conférence de presse, après l’arrestation d’un collaborateur de la tête de liste du mouvement aux eurpéennes soupçonné d’espionnage pour le compte de la Chine. Au Bundestag, à Berlin, le 23 avril 2024.

C’était le 29 juillet 2023. Ce jour-là, réunis en congrès à Magdebourg, quelque 600 délégués du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) étaient appelés à investir leurs candidats pour les élections européennes du 9 juin 2024. Sans surprise, l’eurodéputé Maximilian Krah décrocha la tête de liste, mais avec seulement 66 %, alors qu’il avait pour adversaire un ancien officier de la Bundeswehr totalement inconnu dans le parti.

A l’époque, les observateurs expliquèrent ce score par la personnalité de M. Krah, jugé trop clivant par beaucoup en interne en raison de sa proximité avec l’extrême droite européenne la plus radicale, comme le parti bulgare Renaissance ou le mouvement hongrois Notre Patrie, mais aussi de sa vision ouvertement ethniciste de l’Europe, résumée dans cette phrase prononcée en février 2023 : « L’Europe que nous avons en tête est celle des Germains, des Romains et des Slaves qui n’ont pas été christianisés par Constantinople. »

Neuf mois plus tard, M. Krah, 47 ans, devait être l’orateur vedette du meeting organisé par l’AfD, samedi 27 avril, à Donaueschingen, dans le sud-ouest de l’Allemagne, pour le lancement de la campagne des européennes. Ce ne sera pas le cas. Mardi, on apprenait en effet qu’un de ses proches collaborateurs, soupçonné d’espionnage au profit de la Chine, avait été arrêté à Dresde. Mercredi, le parquet fédéral allemand annonçait l’ouverture de deux enquêtes préliminaires contre l’eurodéputé, suspecté d’avoir reçu illégalement de l’argent de la part de donateurs russes et chinois.

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Prié de se faire discret

Quelques jours plus tôt, l’hebdomadaire Der Spiegel et la chaîne publique allemande ZDF révélaient que M. Krah avait été entendu pendant plusieurs heures par la police fédérale américaine, en décembre 2023, en marge d’un déplacement à New York où il était venu assister à un gala organisé par le club des jeunes républicains de la ville, en présence de Donald Trump. Objet de l’interrogatoire : un échange de messages, intercepté par le FBI, évoquant de mystérieuses « compensations financières » dont M. Krah aurait bénéficié de la part de l’ancien député ukrainien Oleg Volochine, proche du Kremlin.

Droit dans ses bottes, l’eurodéputé allemand a assuré qu’il « n’a[vait] rien à se reprocher » et qu’il « rest[ait] tête de liste » pour le scrutin du 9 juin. Mais la direction du parti, qui l’a convoqué à Berlin, mercredi matin, l’a prié de se faire discret : absent du meeting de Donaueschingen, il ne devrait pas non plus apparaître sur les clips vidéo ni sur les affiches de la campagne.

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