dimanche, mai 19
Une pancarte,avec la mention « Stop aux prêcheurs de haine, lors d’un rassemblement pour la démocratie et contre la violence à l’encontre de Matthias Ecke, eurodéputé social-démocrate, à Dresde (Allemagne), le 5 mai 2024.

Depuis bientôt trois ans qu’elles sont à la retraite, Doris Funke et Bettina Schäfer se donnent rendez-vous, chaque dimanche après-midi, dans un cinéma de Berlin. Dimanche 5 mai, elles ont dérogé à leur rituel. Plutôt que d’aller voir un film, les deux amies ont préféré se retrouver devant la porte de Brandebourg pour participer à la manifestation organisée en l’honneur de l’eurodéputé du Parti social-démocrate (SPD) Matthias Ecke, victime, vendredi soir, d’une agression qui a provoqué un véritable choc en Allemagne.

« Etre ici est pour moi une évidence. Il n’est pas acceptable que, dans un pays comme l’Allemagne, un élu se fasse attaquer en pleine rue », explique Doris Funke, 66 ans, ancienne infirmière. « Normalement, manifester n’est pas mon truc mais, quand mon amie m’a proposé de l’accompagner, j’ai dit “oui” tout de suite car on est arrivé à un point où c’est l’existence même de notre démocratie qui est en jeu », enchaîne Bettina Schäfer, 68 ans, ex-assistante sociale.

Comme Doris et Bettina, un gros millier de personnes se sont retrouvées, dimanche soir, devant la porte de Brandebourg. Un peu plus tôt, un autre rassemblement était organisé à Dresde, là où Matthias Ecke a été passé à tabac, vendredi soir, alors qu’il accrochait des affiches pour son parti, le SPD, en vue des élections européennes du 9 juin. Sur ce qu’il s’est précisément passé, les choses ne sont pas encore très claires. Dans la nuit de samedi à dimanche, un jeune homme de 17 ans s’est certes rendu à la police. Mais rien n’a encore filtré sur ses motivations et les trois autres personnes qui étaient à ses côtés sont toujours en cavale.

Dimanche après-midi, les nouvelles concernant Matthias Ecke étaient rassurantes. Blessé au visage, l’eurodéputé de 41 ans a été opéré avec succès. Mais si son agression a tellement ému le pays, c’est parce qu’elle est apparue comme le point d’orgue d’une longue série. Quelques minutes plus tôt, un homme de 28 ans collant des affiches pour le parti des Verts, dans la même rue, avait aussi été frappé « à coups de poing et de pied », selon la police, qui soupçonne le même groupe d’agresseurs.

Un coup « contre la démocratie »

Dans la semaine précédente, d’autres agressions avaient eu lieu. Jeudi 2 mai au soir, le député écologiste Kai Gehring et l’un de ses camarades de parti, Rolf Fliss, ont été frappés au visage dans la ville d’Essen (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), dans l’ouest de l’Allemagne. Quelques jours auparavant, la vice-présidente écologiste du Bundestag, Katrin Göring-Eckardt, avait été prise à partie par des manifestants alors qu’elle se trouvait dans sa voiture, après une réunion publique dans une petite ville de l’est de l’Allemagne. Elle n’avait pu repartir qu’au bout de trois quarts d’heure après l’intervention de la police.

Il vous reste 53.36% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version