« Il faut abolir l’UE ! » , « L’Europe se laisse aller vers le néant », « L’Europe censure les Américains ! ». Depuis le vendredi 5 décembre, ce type de messages, émanant d’internautes américains, envahit l’espace numérique. Leur déclencheur ? La sanction de 120 millions d’euros infligée par la Commission européenne au réseau social X pour plusieurs manquements au règlement sur les services numériques (DSA). Un œil critique pourrait facilement reconnaître qu’un régime de censure ne permettrait pas la circulation de messages critiques à son égard, et encore moins de messages appelant à sa destruction. Pourtant, l’administration Trump et Elon Musk, patron de X, accusent l’Europe de porter atteinte à leur liberté d’expression.
Loin d’être fortuites, ces accusations s’inscrivent dans une offensive croissante contre la régulation numérique européenne, qui s’accentue depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Mark Zuckerberg, par exemple, avait revendiqué sa volonté de collaborer avec le président afin de contrer les initiatives réglementaires européennes. Cet été, la galaxie trumpiste a maintenu son cap et poursuivi ses accusations notamment lors d’une commission portant sur « la menace européenne sur la liberté d’expression et l’innovation américaine ».
Les négociations sur les droits de douane auraient même été brandies comme une monnaie d’échange pour obtenir la suspension des enquêtes contre les entreprises états-uniennes. Renforçant encore la pression sur ces sujets, le gouvernement trumpiste vient de déclarer refuser désormais les visas H-1B [un visa de non-immigrant qui permet aux employeurs américains d’embaucher des travailleurs étrangers pour des professions spécialisées] aux personnes travaillant sur la modération – qualifiée de « censure » par la Maison Blanche. X a également fermé le compte publicitaire de la Commission européenne en représailles à l’amende.
Responsabiliser les plateformes
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