En pleine crise politique en France, Emmanuel Macron devait entreprendre, jeudi 29 et vendredi 30 août, un déplacement sensible en Serbie. Même si l’Elysée garde une prudence extrême sur les raisons de cette visite au timing étonnant, le président français pourrait bien profiter de sa rencontre avec son homologue serbe, prévue jeudi soir, pour annoncer la concrétisation d’un contrat de vente de douze avions de chasse Rafale à Belgrade. « Notre espoir est de voir cette question aboutir à l’occasion de la visite du président », a ainsi confirmé l’Elysée mercredi 28 août.
Le même jour, son homologue serbe Aleksandar Vucic a aussi affirmé dans un entretien avec l’Agence France Presse (AFP) qu’il comptait signer ce contrat à l’occasion de la visite. « C’est un énorme contrat pour notre pays et ce n’est pas un petit contrat même pour la France », a-t-il estimé après avoir évoqué dans le passé un montant de trois milliards d’euros, ce que l’Elysée se refuse à confirmer. M. Vucic a aussi évoqué lundi des accords sur « l’électricité » avec EDF, alors que la Serbie envisage de relancer son industrie nucléaire.
M. Macron est aussi annoncé, vendredi, à Novi Sad, deuxième ville du pays, pour visiter un musée et un forum économique consacré à l’intelligence artificielle. Mais ce sont bien les Rafale qui suscitent le plus d’intérêt en Serbie, alors que l’armée serbe ne détient jusqu’ici que des vieux Mig-29 soviétiques. M. Vucic, qui s’est rendu déjà deux fois à Paris cette année, promet depuis des mois que le contrat avec Dassault est quasiment bouclé. La partie française, en revanche, est restée nettement plus discrète sur le sujet. L’exportation de Rafale dans ce pays réputé pour sa proximité avec Moscou et ses visées parfois belliqueuses sur ces voisins balkaniques, pose en effet de nombreuses questions.
Ce contrat est « un choix stratégique » de la Serbie qui fait partie « d’une logique d’arrimage à l’Union européenne » plaide l’Elysée. Comment la France compte-t-elle garantir que les technologies du Rafale ne seront pas transmises en Russie ou utilisées pour faire pression sur le Kosovo voisin, dont Belgrade ne reconnaît toujours pas l’indépendance ? « Il y a bien évidemment des clauses qui encadrent le transfert de tel matériel », évacue-t-on à l’Elysée, en refusant de rentrer dans les détails.
Ancrage européen mis en doute
Même si les conseillers d’Emmanuel Macron assurent souvent que le chef de l’Etat n’est pas dupe des dérives de M. Vucic, qui dirige son pays de 6,6 millions d’habitants d’une main de fer depuis 2012 en stoppant quasiment toutes les réformes requises pour adhérer à l’Union européenne, force est de constater que le président français affiche régulièrement sa sympathie pour ce géant de 2 mètres qui adore manier la diplomatie transactionnelle avec les grandes puissances, que ce soit la Russie, la Chine ou l’Occident.
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