dimanche, mai 19
Emmanuel Macron et Xi Jinping, à l’aéroport de Tarbes, Hautes-Pyrénées, le 7 mai 2024.

Les présidents Emmanuel Macron et Xi Jinping sont arrivés, mardi 7 mai, dans les Pyrénées, au second jour de la visite d’Etat du dirigeant chinois, pour une escapade « personnelle » censée permettre un dialogue plus direct sur la guerre en Ukraine ou les désaccords commerciaux.

« Nos montagnes françaises », « j’espère, continueront de nous inspirer », a lancé lundi, lyrique, le président français, en accueillant son homologue chinois à Paris pour la première fois depuis 2019. Il a dit s’attendre, dans les Hautes-Pyrénées (Sud-Ouest), à des « discussions fructueuses et amicales ».

L’avion du chef de l’Etat et celui du président chinois ont atterri à Tarbes en fin de matinée, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP). Tous deux sont attendus au col du Tourmalet, mythique ascension du Tour de France cycliste, où la météo est encore hivernale, même si la saison est finie à la station de ski de La Mongie. Une centaine de personnes sont venues apporter leur soutien au président Xi, et des dizaines de drapeaux rouges aux cinq étoiles jaunes coloraient les abords de la route menant au col.

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« Trêve olympique »

Emmanuel Macron et Xi Jinping, accompagnés de leurs épouses, déjeuneront au restaurant d’Eric Abadie, un éleveur et ami du président français. Comme en écho à la cérémonie du thé qu’ils avaient partagée l’an dernier à Canton, dans la résidence officielle où vécut le père du président chinois quand il était gouverneur de la province du Guangdong. Un cadre, qui contraste avec celui du palais présidentiel, dans lequel ils n’ont pas cherché à dissimuler les différends commerciaux entre l’Europe et la Chine. Le président Macron a appelé à un « cadre de concurrence loyale », en se félicitant, à l’issue des discussions, d’avoir préservé le cognac français de la menace de taxes douanières chinoises « provisoires ».

Conviée pour afficher un front continental uni, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a prévenu que l’Union européenne prendrait « des décisions fermes » pour « protéger son économie », en dénonçant l’afflux de véhicules électriques chinois massivement subventionnés. « Le soi-disant “problème de la surcapacité de la Chine” n’existe pas », a répondu sèchement Xi Jinping. Sur l’Ukraine, il s’est voulu plus consensuel, réaffirmant sa volonté d’œuvrer à une solution politique.

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Et il a apporté son soutien à une « trêve olympique », prônée par Emmanuel Macron, à l’occasion des Jeux de Paris cet été. Selon une source diplomatique française, cette trêve pourrait servir, s’agissant de l’Ukraine, à enclencher un processus plus politique après plus de deux ans de guerre.

Mais Paris, qui insiste depuis un an pour que Pékin fasse pression sur la Russie pour contribuer à mettre fin à la guerre, se veut « lucide » sur les perspectives d’une percée rapide. D’autant que le président chinois reste le principal allié de son homologue russe, Vladimir Poutine, qu’il doit recevoir prochainement.

« Un échange franc et amical » critiqué par l’opposition

L’étape pyrénéenne pourrait, dans l’esprit de la délégation française, favoriser « un échange franc et amical » sur ces sujets épineux. L’idée est de casser l’imposant protocole qui accompagne le moindre déplacement du numéro un chinois.

Ce coin de montagne est « directement lié à l’histoire très personnelle » d’Emmanuel Macron, explique son entourage. Celui qui fête mardi les sept ans de sa première élection a passé de nombreuses vacances entre le bourg de Bagnères-de-Bigorre et La Mongie avec ses grands-parents.

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Le candidat des socialistes aux élections européennes de juin, Raphaël Glucksmann, a dénoncé la « tonalité amicale » de cette visite officielle. « L’homme qui déporte les Ouïgours, qui réprime les Hongkongais et les Tibétains n’est pas notre ami », a-t-il déclaré. Son adversaire de droite François-Xavier Bellamy (Les Républicains) a également pointé les « ingérences » de Pékin et sa « stratégie agressive pour mettre à terre notre économie ». La tête de liste macroniste, Valérie Hayer, a, elle, défendu la volonté d’avoir « un dialogue direct et franc ».

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Le Monde avec AFP

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