vendredi, mai 3
Installation de la fresque à la mémoire de Nahel M., située au 135, avenue Pablo-Picasso, à Nanterre, le 9 février 2024.

C’est une fresque qui raconte l’histoire d’une journée qui bascule, celle du 27 juin 2023, date à laquelle Nahel M., un jeune habitant de 17 ans du quartier Pablo-Picasso de Nanterre, a été tué par un policier à la suite d’un contrôle routier. Elle apparaît sous la forme d’un récit chronologique. Avant le drame : la vie ordinaire de la cité par une chaude journée d’été, les enfants qui font du vélo au pied des tours, des copains qui mangent un kebab et partagent une même passion pour la moto. Après le drame : des voitures qui brûlent, des Abribus détruits, puis une marche blanche qui réunit des milliers de personnes. Enfin, une ultime séquence, incarnée par une image, celle de la chambre de Nahel M., telle qu’il l’avait laissée, avec un drapeau du PSG au-dessus de sa télé, une manette de PlayStation sur un meuble, deux casques de moto posés au sol et un portrait de lui, enfant, tout sourire.

Vendredi 9 février, les habitants du quartier Pablo-Picasso ont défilé, téléphones à la main, devant le mur de 6 mètres sur 15 mètres sur lequel cette fresque en hommage à Nahel M. venait tout juste d’être posée. Réalisée par cinq de ses amis, cette création graphique, composée de plusieurs dizaines de photographies, a été inaugurée en présence du maire de Nanterre, Raphaël Adam (divers gauche), du président de l’office HLM Nanterre Coop’ Habitat, Hassan Hmani, et de la mère de Nahel M., huit mois après les émeutes sans précédent qui ont touché la ville. Un projet soutenu par la plupart des acteurs locaux, pensé à la fois comme un hommage, une archive et une volonté de proposer un récit des événements qui correspond au « vécu du quartier », peut-on lire dans un texte qui accompagne la fresque.

L’initiative a débuté dans le sillage des émeutes. Le mur qui accueille aujourd’hui cette création faisait au départ l’objet de tensions. En cause : un tag « Nique la police », écrit après la mort de Nahel M. Dès le mois de septembre, les pouvoirs publics tentent de l’effacer en repeignant la façade du bâtiment. Rien n’y fait : en quelques heures à peine, le tag refait son apparition. La mort de Nahel M. a décuplé le niveau de tension permanent avec les forces de l’ordre. Quand il parle de cet événement, l’auteur du tag s’exprime au pluriel et dit : « Ils nous ont tués. »

Table ronde avec le maire

Au total, des dizaines d’inscriptions ont recouvert les façades des bâtiments lors des nuits de révolte. Parmi eux, « Justice pour Nahel » ou encore « Fight the power », en référence au célèbre morceau du groupe de rap américain Public Enemy. Des tags comme exutoire ? « On ne voulait pas parler aux journalistes parce qu’on ne leur fait pas confiance. Par contre, je voulais que quand ils arrivent dans le quartier, ils voient nos messages partout sur les murs. C’était ma façon d’alerter sur ce qu’il se passait », poursuit l’auteur du tag.

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