Les fruits et légumes sont censés trôner sur leurs étalages nus ou vêtus d’un emballage écologique.
Les distributeurs, eux, continuent à vendre ces produits sous plastique au risque de payer une grosse amende.
TF1 part à la rencontre de ceux qui s’attachent à cette vieille pratique et de ceux qui essayent de faire bouger les lignes.
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LE WE 20H
Tomates, pêches, abricots… Ces fruits et légumes sont encore habillés de plastique dans les rayons de nombreuses grandes surfaces. Une pratique pourtant interdite depuis janvier 2024 par l’article 77 de la loi Agec, adoptée en 2020, qui vise à supprimer un milliard d’emballages chaque année. Proposer des tomates, des pommes, des bananes ou des nectarines enveloppées dans un film ou un sachet plastique peut coûter cher aux distributeurs : jusqu’à 45.000 d’amende.
Comment expliquer donc la résistance du plastique dans les étalages de la grande distribution ? « On est en écoulement des stocks », justifie Amélie Troncet, cheffe de projet à Lidl France. « Le produit va s’arrêter la semaine prochaine », promet-elle aussitôt, affirmant que des solutions sont en train d’être trouvées pour être aux normes. Dès la semaine prochaine, selon elle, les raisins logeront dans des paquets fabriqués en papier kraft ou en fibre du bois – une matière non recyclable qui ressemble au plastique, mais peut être compostée dans des conditions bien particulières.
Des sachets en plastique pour montrer que c’est du bio
Si cette enseigne low cost n’a pas été sanctionnée, selon cette cheffe de projet, c’est parce qu’elle travaille sur les alternatives. « Il fallait trouver des solutions pour avoir des emballages sans plastique », défend-elle, assurant que la tâche n’est pas facile « car il y a beaucoup de choses à prendre en compte ». Pourtant, l’application de la loi est progressive et prévoit des délais confortables afin que les industriels puissent s’adapter.
Dans l’étalage voisin, on tombe sur des carottes bio conditionnées, elles aussi, dans un sac plastique. La raison de ce choix ? « On a besoin de mettre la carotte dans un sachet pour pouvoir montrer qu’elle est bio et donc pour pouvoir la différencier des carottes en vrac conventionnelles », justifie la responsable.
Les expéditeurs, eux, mettent en avant un gain de place grâce au plastique. Les remplacer par des emballages en carton signifierait davantage des camions pour les transporter et donc, plus d’émissions de CO2.
Endives, asperges, brocolis, champignons, cerises, fraises et cassis figurent parmi les 29 exceptions de la loi. Selon le lobby des fruits et légumes, le plastique est à ce jour la meilleure option pour conserver et protéger des chocs. En vrac, une endive se détériorerait au bout d’une demi-journée. Une conclusion contestée, qui manque de solidité scientifique : « Le bénéfice des emballages plastiques pour la réduction des pertes et gaspillages des fruits et légumes frais n’a jamais été démontré, parce que ces bénéfices n’ont jamais fait l’objet d’études d’ampleur suffisante en termes de recherche, » explique Nathalie Gontard, chercheuse en sciences de l’emballage à l’Inrae, pionnière dans la recherche des emballages écologiques.
Avec plus de trente ans d’expérience sur le dos, cette scientifique de renommée internationale, étudie les questions autour du recyclage et les risques de la pollution aux particules plastique. Elle alerte par ailleurs sur le fait que 98% des emballages alimentaires ne sont pas recyclables à l’identique, sous peine de contaminer les aliments.
A présent, le principal obstacle au développement de la vente en vrac, c’est le transport. Les barquettes de fruits, comme les fraises, sont livrées dans des centrales d’achat avant de rejoindre les étals des distributeurs. Nathalie Gontard n’a pas encore trouvé un « miracle à annoncer ». Mais a proposé dans une conférence une solution encore plus simple : « Réduire notre consommation ». Et bien sûr, limiter les intermédiaires dans la mesure du possible et acheter des produits de saison. Frais et peu manipulés, ils vous demandent juste d’adapter vos recettes en fonction de la disponibilité et non plus de l’envie. L’intégralité du reportage de TF1 est à découvrir dans la vidéo en haut de cet article.