mercredi, octobre 16

Dans le pays le plus connecté au monde, les ventes par live stream génèrent des centaines de millions d’euros d’achat en ligne chaque année.
Une équipe de « Sept à Huit » s’est rendue en Chine pour en savoir plus sur cette nouvelle façon de consommer qui révolutionne le secteur de la vente, et qui pourrait bientôt arriver chez nous.

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Sept à huit

Quand les réseaux sociaux réinventent le téléachat. En Chine, pays le plus connecté au monde, le live stream – comprendre, la diffusion de vidéo en direct sur internet – génère des centaines de millions d’euros d’achats en ligne chaque année. Rebecca est une habitante de Shanghai branchée, fan de mode et de luxe. Son shopping, elle le fait désormais depuis son canapé avec son smartphone. La jeune femme utilise des applications où des influenceurs animent des ventes en direct, une sorte de télé-achat 2.0. 

« Il y en a une infinité« , explique la jeune femme, dans le reportage de « Sept à Huit » à voir en tête de cet article. Depuis son téléphone, Rebecca peut interagir avec l’influenceuse. « Là, [une influenceuse] vend des robes en laine de Mongolie-Intérieure. Je vais demander si elles existent dans d’autres couleurs« , explique-t-elle. Comme elle, les deux tiers des Chinois font leur shopping via ces vidéos diffusées en direct sur les réseaux sociaux. 650 millions d’adeptes et un marché de 700 milliards d’euros, qui croît de 400% par an. 

15.000 rouges à lèvres sont vendus à la minute

Car en Chine, quand un objet vous plaît, il suffit de le prendre en photo et une application vous redirige alors vers des influenceurs qui sont en train de le vendre en direct. Sur des plateformes comme Taobao (Alibaba) ou Douyin, la version chinoise de TikTok (ByteDance), des influenceurs recommandent des produits devant des milliers de spectateurs, de jour comme de nuit. Certains influenceurs sont devenus des méga stars, à l’instar de Li Jiaqi (Austin Li à l’international), l’influenceur beauté le plus célèbre de Chine.

Le jeune homme, âgé de 32 ans, compte près de 75 millions d’abonnés sur Taobao Live, une plateforme de téléachat appartenant au géant chinois du commerce électronique Alibaba. Sur sa chaîne, 15.000 rouges à lèvres sont vendus à la minute et 120 millions d’euros de recette sont collectés en moyenne lors de chacun de ses directs. Des chiffres qui donnent le tournis. 

1,2 million d’euros de ventes lors d’un direct de 6 heures

La société chinoise Feiyu s’est spécialisée dans le luxe de seconde main. Elle emploie une armée d’influenceurs. L’équipe de « Sept à Huit » a pu rencontrer sa streameuse vedette. Son record, une vente de 1,2 million d’euros en six heures de diffusion en direct. Comme toute influenceuse, elle raconte sa vie et se met en scène dans des vidéos glamour, une activité au service de son activité commerciale. « Les gens sont prêts à acheter à distance un sac qui coûte 4000 ou 5000 euros sans même l’avoir vu. Donc, ça veut dire qu’ils me font vraiment confiance. Et je dois être digne de cette confiance« , explique la jeune femme

Ce jour-là, après quatre heures de show, elle a vendu 800 articles, pour un montant total de 260.000 euros. L’influenceuse touche une commission sur les ventes. Elle gagne entre 20.000 euros par mois et beaucoup plus. De quoi faire des émules. 

16 millions de vues pour une vente d’oranges

À Yiwu, près de Shanghaï, une école pour former les influenceurs de demain a ouvert ses portes en 2020. Elle forme chaque année plus de 2000 influenceurs, la plupart en reconversion. « L’image du streamer, c’est 50% de la réussite. Pour vendre des vêtements féminins ou du luxe, il faut être jolie et mince. Les grosses, ça ne marche pas ! Il faut avoir une belle peau (…). Avec un visage ordinaire, on veut des snacks, des produits ménagers. Avec un visage de paysanne un peu rond, on conseille de vendre des fruits ou des légumes« , explique la directrice de l’école devant la caméra de « Sept à Huit ». 

Car le live stream touche aussi des produits inattendus. Dans la province reculée de Yunnan, à cinq heures d’avion de la capitale économique Shanghai, une streameuse s’est spécialisée dans la vente de produits agricoles. Pas moins de 14 millions de personnes la suivent sur les réseaux sociaux. L’an dernier, elle a vendu environ 3000 tonnes de produits agricoles. Son record, une vente d’oranges qui a cumulé 16 millions de vues, avec une recette des 1,3 million d’euros. 

Pour augmenter leurs ventes, certains vont même jusqu’à se payer des clones numériques qui travaillent à leur place 24h sur 24 et 7 jours sur 7. Comptez 8000 yuans (soit environ 1000 euros) pour la version basique et jusqu’à plusieurs milliers d’euros pour un avatar plus sophistiqué. À ce prix, le clone est capable de réagir à des commentaires laissés par les spectateurs pendant le direct, ce qui le rend encore plus réaliste. Un avant-goût du futur ?


M.D. | Reportage : Sept à Huit

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