lundi, octobre 28

Elle aurait détourné 100 millions d’euros à Kiabi, l’enseigne de vêtements à bas prix.
Arrêtée en août, Aurélie B, une Française de 39 ans, a été mise en examen pour escroquerie et blanchiment en bande organisée.
Comment une simple comptable bordelaise est-elle parvenue à duper tout le monde et à se faire passer pour une millionnaire ?

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Sept à huit

C’est une histoire rocambolesque, digne des meilleurs films hollywoodiens. Le 12 août dernier, Aurelie B., une Française de 39 ans, est arrêtée sur le tarmac de l’aéroport de Figari, en Corse, alors qu’elle descend de son jet privé. Elle est soupçonnée d’avoir détourné 100 millions d’euros à l’enseigne de vêtements à bas prix Kiabi, dont elle fut trésorière. Installée en Floride pour y travailler dans le luxe, elle a été mise en examen et écrouée pour « escroquerie et blanchiment en bande organisée ».

« Elle était bien maquillée, bien habillée, avenante avec les gens. Elle avait tout pour se faire bien intégrer à Miami. Elle avait l’air de connaître les codes de la jet-set. Elle était très sophistiquée », a confié le photographe Romain Maurice dans « Sept à Huit », qui s’est penché sur l’incroyable histoire d’Aurélie B. Comment cette comptable bordelaise est-elle parvenue à faire partie de la jet-set de Floride et à côtoyer les stars sans jamais éveiller les soupçons ? 

Une première arnaque de 60.000 euros

Née à Bordeaux, Aurélie B. est issue de la classe moyenne. Après des études de comptabilité, elle intègre le siège de Cultura, une enseigne de loisirs créatifs. Elle y restera 11 ans et se rendra coupable, selon Le Parisien, d’une première escroquerie de 60.000 euros après avoir dérobé la carte de l’entreprise. Cultura ne dément pas, mais n’intente aucune poursuite. 

À 24 ans, elle entame alors une idylle avec un espoir du football français. Formé à Bordeaux, il signe à Manchester United. Très vite, elle utilise le chéquier du sportif pour se virer de l’argent. Montant total de l’arnaque : 900.000 euros. L’affaire se règlera à l’amiable. Bénéficiant du silence de ses victimes, la jeune femme passe entre les mailles du filet.

J’ai pété un câble, j’ai été prise dans un engrenage.

Aurélie B.

À 32 ans, elle débarque alors en région parisienne à Issy-les-Moulineaux et devient trésorière chez OMNES Éducation, un groupe d’école de commerce, pour 4400 euros net par mois. Pendant un an, elle détournera près de 800.000 euros. Pour obtenir l’indulgence du tribunal, son avocate invoque alors la négligence de son employeur, mais également sa fragilité et son désespoir. Elle remplirait son vide affectif en s’entourant d’objets de luxe. « J’ai pété un câble, j’ai été prise dans un engrenage », admet à l’époque Aurélie B. en garde à vue. Le 3 juillet 2023, elle écope de deux ans de prison avec sursis.

Devenue indépendante, elle crée une société de consulting avec 10.000 euros de mise de ses parents. C’est en août 2023 qu’elle parvient à convaincre Kiabi de placer 100 millions d’euros dans une banque allemande. Objectif : récolter de juteux intérêts. Aurélie B. aurait même usurpé l’identité du PDG.

Une maison de luxe pour 17 millions de dollars

En septembre 2023, juste après la fraude, elle décide de prendre le large. Elle radie sa société et s’envole pour Miami, où elle ouvre un bureau. Elle se présente alors comme designer, elle qui n’a jamais été architecte. Une fois de plus, elle parvient à duper son monde en se faisant filmer aux côtés de stars dans des soirées. En quelques mois, elle fait la couverture de magazines dédiés au luxe. 

La Française donne le change. Elle s’achète même une maison de luxe avec une piscine, cinq chambres et cinq salles de bain pour 17 millions de dollars. Un achat réalisé via une nébuleuse de sociétés immatriculées en Floride et dans le Wyoming, un paradis fiscal.

Mais la dolce vita en Floride s’arrête brusquement en juillet dernier. Kiabi souhaite récupérer son placement, mais l’argent s’est volatilisé. L’enseigne porte alors plainte. Mise en examen pour escroquerie et blanchiment en bande organisée, l’arnaqueuse présumée dort à présent en prison. Elle risque jusqu’à 10 ans d’emprisonnement.


Rania HOBALLAH

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