dimanche, mai 19
Valérie Hayer, tête de liste Renaissance aux élections européennes, au Medef, en avril 2024.

Cinq semaines avant les élections européennes, et à la veille d’un meeting au Palais de la Mutualité, la tête de liste du camp présidentiel, Valérie Hayer, a présenté son programme, lundi 6 mai, au cours d’une conférence de presse. Un « programme ambitieux pour faire que l’Europe ne meurt pas », a-t-elle annoncé, aux côtés des porte-parole de la campagne Nathalie Loiseau, Marie-Pierre Védrenne et Clément Beaune, estimant par ailleurs que le « bilan parle[ait] pour » eux.

L’actuelle eurodéputée et présidente du groupe Renew au Parlement européen a affirmé que ses 48 propositions devaient permettre à l’Union européenne de faire face à trois risques majeurs, à savoir « sécuritaire et migratoire, climatique et économique, démocratique et d’attaque de nos valeurs ». Mme Hayer a aussi appelé à « sortir des dépendances » étrangères, citant la Russie, les Etats-Unis, la Chine et l’Inde. « L’Europe doit reprendre son destin en main, pour bâtir une Europe puissante. » « On a été trop naïfs avec la Chine », avait-elle notamment attaqué peu de temps auparavant sur Sud Radio. « Pendant longtemps, on a considéré que le commerce international allait garantir la paix dans le monde ; on voit que ça n’est pas le cas », avait-elle encore affirmé.

Au cours de la conférence de presse, les membres du camp présidentiel ont d’abord abordé l’axe de la défense. La majorité prône notamment d’investir 100 milliards d’euros au niveau européen, et souhaite voir le budget de chaque Etat porté à 2 % du produit intérieur brut (PIB) d’ici à 2025, et 3 % d’ici à 2030. « Nous demandons à la Banque européenne d’investissement de venir travailler sur les secteurs de la défense, ce qu’elle n’a pas fait jusqu’à maintenant » et « nous sommes favorables à un emprunt sur ces 100 milliards d’euros », a précisé l’eurodéputée Nathalie Loiseau (Horizons).

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Défense des « valeurs » démocratiques européennes

Sur les volets économique, social et environnemental, la majorité présidentielle souhaite un « plan Europe 2030 » de 1 000 milliards d’euros, sur fonds publics et privés, pour « compléter le pacte vert » adopté pendant la dernière législature. Ce « plan Europe » doit porter sur cinq secteurs : énergie, transports, numérique, santé, espace. « Si nous voulons un choc de compétitivité, d’investissements, de compétences, ce plan Europe 2030 est essentiel », a insisté Marie-Pierre Védrenne. Ces fonds publics devront s’appuyer notamment sur un emprunt commun de long terme, remboursé par de nouvelles ressources, est-il précisé dans le programme. Comment convaincre les pays réticents ? « Le monde a changé. En 2020 [après le Covid-19], avant qu’on s’engage sur le plan de relance, ça paraissait impossible, c’était un tabou absolu » et « Emmanuel Macron a réussi à convaincre [l’ex-chancelière allemande] Angela Merkel ». « C’est notre capacité de conviction qui fera bouger les lignes », a assuré Mme Hayer.

Parmi les objectifs : la production de 10 millions de véhicules propres en Europe, un avion vert européen. Dans le domaine de la santé, les macronistes veulent un « plan Marie Curie » pour des vaccins et traitements européens contre le cancer, les maladies dégénératives et la recherche sur l’autisme. Ils souhaitent également étendre la taxe carbone aux frontières à de nouveaux secteurs, comme l’automobile, ou encore le ciment et l’acier importé dès 2026. Ils veulent « imposer un bouclier commercial européen », avec des droits de douane automatiques et massifs en réponse à tout tarif douanier contre les entreprises européennes, et des « règles miroirs » pour les importations.

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Troisième volet principal : les « valeurs » démocratiques européennes. La majorité présidentielle souhaite notamment voir l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) inscrite dans la Charte européenne des droits fondamentaux. Elle souhaite aussi un « bouclier démocratique contre les ingérences étrangères », avec notamment l’interdiction des financements extra-européens en faveur des partis politiques.

Comme en 2019, la liste Renew souhaite instaurer des listes transnationales pour les élections européennes et la fin de l’unanimité au profit de la majorité qualifiée, citant le champ des sanctions, de la fiscalité et de « l’Etat de droit ».

Le programme ne mentionne pas d’élargissement. « Mais on n’est pas hostile à l’élargissement par principe, contrairement à d’autres », mais « il y a des étapes, des conditions, des délais de négociation, on ne parle pas d’élargissement pour demain matin », a précisé Clément Beaune, qui a cité l’Ukraine et la Moldavie.

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Le Monde

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