dimanche, mai 19
Une résidente d’un Ehpad public à Saint-Sulpice-La-Pointe (Tarn), le 4 janvier 2023.

Un ballon d’oxygène qui ne suffira pas à enrayer l’asphyxie financière. En 2024, « 650 millions d’euros » de crédits nouveaux seront alloués aux Ehpad, a déclaré, dans Le Figaro du 24 avril, Fadila Khattabi, ministre déléguée chargée des personnes âgées et des personnes handicapées. Cette manne n’est pas une surprise, puisqu’elle a été votée dans la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024. Il ne s’agit pas non plus d’une enveloppe mirifique : le montant représente une hausse de 4,57 %, contre 5 % ces dernières années.

Or, depuis 2022, les Ehpad voient leurs charges flamber avec l’inflation et la hausse des coûts salariaux. Depuis la crise sanitaire et le scandale Orpea, la défiance des familles perdure et bon nombre de leurs chambres restent inoccupées. Les recettes s’étiolent. Les déficits se creusent… Le gouvernement, qui a renoncé à une loi de programmation financière pour le grand âge, n’a, du coup, guère de marge de manœuvre pour venir en aide au secteur.

L’annonce de Mme Khattabi a donc été saluée par l’ensemble des acteurs. Avec un empressement particulier pour la Fédération hospitalière de France (FHF), qui s’est félicitée du « signal positif » envoyé. En 2023, 85 % des Ehpad hospitaliers étaient en déficit – contre 54 % en 2021 –, selon une enquête de la FHF auprès de 730 établissements. Avec un trou estimé à 800 millions d’euros. « La situation des Ehpad publics a dépassé le seuil d’alerte », s’était alarmé, dans Les Echos du 18 avril, Arnaud Robinet, maire (Horizons) de Reims, président de la FHF.

Coup de pouce salarial

L’explication de ce satisfecit réside dans l’instruction budgétaire rédigée par le ministère de la santé – qui détermine la répartition des 650 millions d’euros. Cette instruction, à paraître en mai, à laquelle Le Monde a eu accès dans sa version quasi définitive, prévoit une hausse globale de 3 % des dotations aux Ehpad pour revaloriser les salaires des soignants et absorber les effets de l’inflation. Contre une hausse de 2 % en 2023.

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A ces 3 %, l’instruction ajoute 2 % de dotations en plus pour les Ehpad publics – 44 % de l’ensemble du parc en France. Soit un effort significatif de 5 % au total, conforme à la demande de la FHF. Un bonus que le gouvernement justifie de deux façons : la nécessité de financer la hausse du point d’indice dans la fonction publique hospitalière et le coup de pouce salarial pour les soignants qui travaillent de nuit, les dimanches et jours fériés. Une mesure d’attractivité, annoncée par le gouvernement en septembre 2023, réservée au secteur public. S’agissant de cette mesure, le Synerpa, syndicat des Ehpad commerciaux, dénonce une rupture d’égalité « incompréhensible et injustifiée ».

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