Six ans après l’effondrement de deux immeubles rue d’Aubagne à Marseille, le procès s’ouvre ce jeudi 7 novembre.
Qui sont les 16 prévenus, qui risquent jusqu’à dix ans de prison ?
C’était il y a six ans, presque jour pour jour. Le 5 novembre 2018, à Marseille, deux immeubles s’effondraient à quelques centaines de mètres du Vieux-Port, provoquant la mort de huit personnes. Ce jeudi 7 novembre, le procès s’ouvre au tribunal judiciaire de Marseille, une première pour une affaire liée au logement indigne. Pourquoi les immeubles des 63 et 65 de la rue d’Aubagne ont pu s’écrouler sur eux-mêmes, en quelques secondes ? C’est la question à laquelle vont devoir répondre les trois magistrats du siège devant lesquels comparaîtront les 16 prévenus jusqu’au 18 décembre.
Copropriétaires et élu politique
Parmi eux, une dizaine de copropriétaires du 65, le seul immeuble habité, qui n’avaient pas fait réaliser les travaux nécessaires à la sécurité de l’immeuble, mais également leur syndic, resté sourd aux signalements des locataires. Un expert spécialisé dans les bâtiments anciens figure aussi sur le banc des prévenus. Deux semaines avant le drame, il avait réalisé une expertise de l’immeuble en à peine une heure, sans même prendre le temps de visiter la cave, expertise après laquelle les habitants avaient été autorisés, sauf pour un appartement, à rentrer chez eux. Selon l’enquête, il a « commis des négligences ».
Figure aussi Julien Ruas. Cet homme politique était 21ᵉ adjoint du maire Jean-Claude Gaudin au moment du drame, en charge de la prévention et de la gestion des risques urbains et de la police des immeubles en péril. Actuellement conseiller municipal d’opposition, ses services, totalement désorganisés, auraient géré les nombreux signalements « avec une légèreté qui interroge », selon les termes des magistrats instructeurs. Ce que dément son avocat. « Monsieur Ruas est droit dans ses bottes », affirme Me Erick Campana sur LCI (voir vidéo en tête de cet article). « Il dit qu’il a parfaitement respecté les obligations qui étaient les siennes. Il attend sereinement. »
Le dernier prévenu est Marseille Habitat, le bailleur social de la ville, propriétaire du 63, qui aurait apporté sa « contribution personnelle » à la dégradation de cet immeuble. Un « attentisme » sans doute « motivé par des critères financiers », selon l’enquête. Renvoyés pour « homicide involontaire par une violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité » et « soumission de plusieurs personnes vulnérables à des conditions d’hébergement indignes », certains prévenus risquent jusqu’à dix ans de prison.