jeudi, novembre 28

Le futur programme d’éducation à la sexualité à l’école doit être présenté à la mi-décembre au Conseil supérieur de l’éducation.
Le ministre délégué Alexandre Portier a estimé ce mercredi qu’il « n’est pas acceptable », « en l’état ».
Connaissance du corps, repérage des situations de harcèlement, santé sexuelle… : voici ce que contient le projet de programme.

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Les premiers pas du gouvernement Barnier

Avant même sa publication, il est déjà vivement critiqué. Le futur programme d’éducation à la sexualité, initialement prévu pour la rentrée 2024, doit être présenté à la mi-décembre au Conseil supérieur de l’éducation, une instance consultative. Mais ce projet de texte, dont la version actuelle n’est pas définitive et qui fait l’objet de concertations depuis le mois de mars, connait une offensive des milieux conservateurs, appuyés ce mercredi 27 novembre par le ministre délégué LR chargé de la réussite scolaire et de l’enseignement professionnel, Alexandre Portier. 

Lors des questions au gouvernement au Sénat, le ministre a estimé que « ce programme, en l’état, n’est pas acceptable » et « doit être revu ». Il a assuré qu’il « s’engagerait personnellement pour que la théorie du genre ne trouve pas sa place dans nos écoles », demandant que « toute trace de wokisme  » soit « expurgée ». Des arguments proches de ceux d’organisations conservatrices qui se sont mobilisées ces dernières semaines, comme le Syndicat de la Famille, ex-Manif pour tous, et qui ont évoqué « un bourrage de crâne pro-gender et transactiviste » et appelé à ce que l’école reste un « sanctuaire ».

Ce premier programme d’Éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) doit répondre à la loi qui, depuis 2001, rend obligatoire l’éducation sexuelle dans les écoles, collèges et lycées, à raison d’au moins trois séances annuelles. Cette disposition est, dans les faits, peu respectée jusqu’à présent. Connaissance du corps, repérage des situations de harcèlement, santé sexuelle… : voici ce que contient le projet de programme, selon le texte non définitif consulté par l’AFP.

Émotions, intimité et changements du corps

À l’école maternelle et élémentaire, le programme est centré sur la vie affective et relationnelle. En maternelle, il prévoit la prise en considération du corps, des sentiments, émotions, du respect de l’intimité et de l’égalité entre filles et garçons. Avant quatre ans, il s’agit de savoir nommer les différentes parties de son corps, d’avoir conscience de l’intimité, d’apprendre à accepter et refuser (à travers des situations comme « est-ce que je peux m’assoir à côté de toi ? »), ou d’être sensibilisé à l’égalité entre filles et garçons comme comprendre par exemple qu’une activité ou un métier peuvent être choisis par tous. 

À partir de quatre ans, le programme inclut le fait d’identifier des adultes de confiance et d’apprendre à faire appel à eux, de distinguer ce que l’on peut garder pour soi, comme un secret, d’une situation de danger, ou encore de découvrir les différentes structures familiales, qui peuvent être hétéroparentales, monoparentales, homoparentales ou encore avec des parents séparés.

En élémentaire, les élèves se voient notamment présenter des connaissances scientifiques plus précises sur leur corps, avec un vocabulaire adapté à leur âge et leurs émotions. À partir du CM1, ils apprennent aussi à connaître les principaux changements du corps à la puberté, à repérer les situations de harcèlement ou à comprendre les stéréotypes pour lutter contre les discriminations , par exemple en lisant des textes pour identifier les inégalités femmes/hommes dans l’histoire. En CM2, les enfants apprennent aussi à repérer et se protéger des violences sexistes et sexuelles , ou à connaître les dangers d’internet et des réseaux sociaux et leurs droits pour un usage sécurisé du numérique.

La sexualité comme « réalité complexe » au collège

À partir du collège, le programme aborde aussi la sexualité. Il s’agit d’aider les élèves à « s’approprier » les changements dont ils font l’expérience et « appréhender progressivement » la notion de sexualité « dans l’ensemble de ses implications », selon le projet de texte. La co-animation des séances est privilégiée, soit entre professeurs, soit entre enseignants et autres intervenants, médicaux notamment.

Il s’agit d’appréhender les changements du corps et le respect des autres en 6ᵉ, l’orientation sexuelle et le fait de développer librement sa personnalité, particulièrement en 5ᵉ. En 4ᵉ, la sexualité est abordée comme une « réalité complexe », mêlant amour, reproduction, plaisir, faisant l’objet d’une série de représentations, et en termes de santé avec la prévention des risques. Les « incidences des réseaux sociaux sur les relations » sont aussi évoquées. 

En 3ᵉ, les élèves doivent être amenés à « interroger les liens entre bonheur, émotion et sexualité », « savoir caractériser les situations problématiques » (risques, mécanismes d’emprise…), les violences sexuelles ou les discriminations.

Au lycée, où la co-animation des séances est aussi privilégiée, « la dimension réflexive et critique est approfondie » et le programme invite « au développement de connaissances plus précises ou plus complètes ». La classe de seconde doit « explorer les tensions entre l’intime et le social », dont la protection à l’ère des réseaux sociaux, et celle de prévenir « les conduites, tentations, plaisirs et risques », à travers par exemple l’étude d’œuvres.

La terminale, enfin, « rassemble les acquis permettant à l’élève d’appréhender la sexualité en jeune adulte responsable », selon le projet de programme. Il s’agit, entre autres, de « connaître les sources fiables » pour accéder « à un soutien en matière de santé sexuelle ».


E.R. avec AFP

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