
« Ecrits sur la musique », de Luciano Berio, édition établie par Angela Ida De Benedictis, traduit de l’italien par Marilène Raiola, préfacé par Umberto Eco, Editions de la Philharmonie de Paris, « Ecrits de compositeur·ice·s », 688 p., 30 €.
Présentée pour la première fois en français à l’occasion du centenaire de la naissance du compositeur italien, l’intégralité des écrits de Luciano Berio (1925-2003) dessine le portrait d’un penseur dont le regard sur le monde est toujours empreint d’humanité. Avec lui, l’expérience la plus importante est celle vécue par l’être, et non pas celle imposée au son dans un laboratoire. Qui dit être dit, bien entendu, musicien, mais également auditeur. Ainsi, dans son texte le plus ancien (« Musique pour tape recorder »), le théoricien Berio assure d’emblée que « le dernier mot sera toujours dit dans la salle de concert ».
La sentence aurait pu servir d’emblème à ce volume d’anthologie, qui résulte d’un impressionnant travail éditorial. Dans chaque cas, l’éditrice, Angela Ida De Benedictis, a scrupuleusement confronté les divers états du texte, de sa version originale à sa publication. Aéré à mi-parcours par un ensemble iconographique de grand intérêt, l’ouvrage se divise en quatre grandes parties (« Réfléchir », « Faire », « Discuter », « Dédier »). L’ordre chronologique adopté au sein de ces volets permet d’apprécier la focalisation sur un sujet cher à l’époque et d’y revenir, de loin en loin, sous différents angles. Il en va ainsi pour la musique électronique, un domaine qui concerne Luciano Berio au premier chef en tant que fondateur, en 1954, du Studio de phonologie de la RAI, à Milan, et dont il examine les tenants et aboutissants dans plusieurs articles, avant de constater, en 1976, que « la musique électronique n’existe plus, parce qu’elle est partout ».
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