lundi, octobre 28

Soixante-trois pour cent des cadres déclarent travailler plus de quarante heures par semaine en 2024, contre 71 % en 2023 ; et 25 % disent passer plus de quarante-cinq heures par semaine au bureau en 2024, contre 33 % l’année précédente. Tels sont les principaux résultats de l’édition 2024 du baromètre CGT-Ugict sur les cadres publié le 21 octobre, découlant du sondage Viavoice réalisé auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 salariés relevant de cette catégorie.

Secrétaire adjointe de l’Ugict (section des cadres et des techniciens de la CGT), Agathe Le Berder impute cette baisse du nombre d’heures travaillées à l’entrée dans la vie active d’une nouvelle génération de diplômés : « Leur aspiration à la réduction du temps de travail, à un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle est plus forte que chez leurs aînés. »

Question de génération sans doute, mais ce décalage peut aussi tenir au fait que « les cadres juniors ont par définition moins de responsabilités. Ce qui peut se répercuter sur la charge de travail qui leur est affectée », nuancent Lucie Goussard et Guillaume Tiffon, respectivement maîtresse de conférences et professeur de sociologie à l’université d’Evry Paris-Saclay et spécialistes du monde du travail.

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Par ailleurs, le baromètre 2024 relève que 82 % des cadres déclarent faire des heures supplémentaires, et 51 % le font régulièrement. Pour 58 % des répondants concernés, ces heures ne sont ni récupérées, ni rémunérées. Selon l’Ugict, ce manquement découlerait d’un recours croissant au forfait en jours, dans lequel les heures ne sont pas comptées. Ce système remplace en effet le décompte des heures de travail par une rémunération à la journée, sur la base d’un nombre de jours travaillés par an fixés dans un forfait.

Une réalité plus subtile

Les heures n’étant plus décomptées, dans une journée, les cadres peuvent ainsi être amenés à travailler sans limite ou presque. Seule la période de onze heures de repos fixée par le code du travail entre deux journées travaillées les protège en théorie. Autre garde-fou, « la jurisprudence, qui précise que le forfait en jours doit tenir compte de la charge de travail. Mais l’encadrement de ce dispositif demeure insuffisant, alors même qu’il favorise le surtravail des cadres », signale Agathe Le Berder.

Et de s’inquiéter que le forfait en jours, qui concerne 41 % de l’ensemble des cadres dans l’édition 2024 du baromètre, touche 45 % des 25-34 ans, ce qui laisse à penser qu’il s’étend. D’où un sentiment d’injustice relevé par le baromètre : parmi les cadres qui estiment que leur rémunération n’est pas en adéquation avec leur charge de travail, 58 % sont au forfait en jours. Reste à savoir si les salariés concernés subissent ou s’accommodent de cette surcharge. Pour la CGT-Ugict, ils n’ont guère le choix s’ils veulent être recrutés et progresser dans leur carrière.

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