Le procès du drame de la rue d’Aubagne s’ouvre ce jeudi 7 novembre.
Huit personnes étaient mortes dans l’effondrement de deux immeubles à Marseille (Bouches-du-Rhône) en 2018.
La cité phocéenne compte encore 40.000 logements indignes, même si la ville met en avant une tendance encourageante.
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Le 13H
On le surnomme « la dent creuse ». A quelques pas du Vieux-Port, un immense espace vide rappelle à tous les passants le drame de la rue d’Aubagne. Le 5 novembre 2018, à 9h05 précises, deux immeubles s’effondrent. Huit Marseillais perdent la vie et des milliers d’autres sont évacués. Six ans après, le procès de l’affaire s’ouvre ce jeudi 7 novembre . Et la question demeure : une telle catastrophe pourrait-elle se reproduire ?
Plus de 130 chantiers ont été lancés par la ville depuis. Parmi eux, un immeuble évacué datant de la fin du 19ᵉ siècle, aux murs complètement infiltrés d’eau, comme on peut le voir dans le reportage en tête de cet article. « Lorsqu’on a cassé une contre-cloison, on s’est rendu compte que le mur était en très mauvais état. Dans un premier temps, on a installé un système qui soutient le mur provisoirement, et nous allons reprendre toute la partie qui est défectueuse par une nouvelle maçonnerie de type béton armé », détaille Pierre Meyssonnier, responsable du service des travaux d’office à la mairie de Marseille.
Il faut agir vite. Plusieurs immeubles de ce quartier populaire sont menacés. « Tous les immeubles sont imbriqués parce qu’il y a un mur qui est mitoyen et qui porte les planchers d’un immeuble puis de l’autre. Donc si ce mur est abîmé, ça porte atteinte à la pérennité de la structure des deux immeubles à la fois », explique Pierre Meyssonnier. Chaque mois, la plateforme pour signaler les logements dangereux reçoit 200 notifications. Mais selon l’adjoint chargé du logement, les résultats sont encourageants. « Depuis plusieurs mois, nous avons moins d’entrées dans les dispositifs de mise en sécurité que de sorties, observe Patrick Amico. La gravité des situations qui rentrent aujourd’hui dans les arrêtés de mise en sécurité a baissé fortement depuis les trois dernières années. »
Et pourtant, la deuxième ville de France compte encore 40.000 logements indignes, soit une habitation sur 10, y compris à quelques numéros du drame de la rue d’Aubagne. La présidente du collectif Marseille en colère, Kaouther Ben Mohamed, nous fait la visite au n°43. « Ici, on a des morceaux d’escalier qui sont tombés. Des fissures dans tous les escaliers, notamment au-dessus de nos têtes, avec des fissures qui se sont malheureusement agrandies. Pour finir, ici, nous avons une espèce de caisson et tout s’est effondré ». Il y a près d’un an, seul le quatrième étage et le rez-de-chaussée ont été évacués par arrêtés de péril. La visite des experts n’y changera rien. Au deuxième étage, au milieu des cafards et des punaises de lit, ce retraité redoute que son plafond s’effondre à son tour : « Comme tous les étages, il y a des fuites. Ils sont venus, ils ont tapé, ils ont regardé, ils ont mastiqué et après, ça a continué à couler. »
Proches de victimes comme Marseillais espèrent du procès de la rue d’Aubagne qu’il deviendra le symbole de la lutte contre l’habitat indigne. Dès jeudi comparaîtront 16 prévenus et 87 parties civiles.