vendredi, mai 17

Face au virage qui accueillera les supporters du PSG, mercredi 1er mai, va se dresser le mythique « Mur jaune », dont la passion grise les joueurs du Borussia Dortmund à chaque match à domicile.
Dans cette tribune légendaire, la plus grande d’Europe et sans doute l’une des plus bruyantes, bat le « cœur » du club de la Ruhr.
Un 12e homme plus qu’hostile qui n’a qu’un seul objectif : malmener l’adversaire pour le faire déjouer.

Suivez la couverture complète

Ligue des champions 2023-2024 : le PSG veut y croire

Un bruit assourdissant. Une taille gargantuesque. Une couleur éclatante. Lorsqu’on est à ses pieds, le mot « intimidant » prend tout son sens. La Südtribune, le célèbre virage sud du Signal Iduna Park, ou Westfalenstadion pour les puristes, n’a pas d’égale en Europe. Imaginez une immense ruche de béton, faite d’un seul bloc long de 100 mètres, haute de 40, profonde de 52 et avec une inclinaison de 37 degrés à son sommet, où à chaque match de Bundesliga, le championnat allemand, bourdonnent de plaisir 24.454 inconditionnels, et pas un de plus, du BvB.

Ce kop unique aux allures de cathédrale à ciel ouvert, où palpite le cœur et vibre l’âme du Borussia, impressionne au point de donner le vertige. Mercredi 1er mai, ils seront plus de 16.000 fans bouillants à se masser dans celle que l’on surnomme le « Mur jaune » (« Die Gelbe Wand », en allemand), pour encourager les « Noir et Jaune », à l’occasion de la réception du PSG (à 21h, en live commenté sur TF1info) en demi-finale aller de Ligue des champions.

Debout comme un seul homme – il en va de l’honneur de la plus grande tribune du Vieux continent – les supporters surchauffés ne lâchent jamais les leurs. Qu’importe le scénario qui se joue devant eux pendant 90 minutes. 

Quand tu entres dans le Mur, tu n’en ressors plus jamais.

Cédric, un habitué du « Mur jaune »

« Il faut vraiment le vivre pour savoir ce que c’est », témoignait auprès de TF1info Cédric, qui y a ses habitudes depuis 2015. « On n’entend rien à part nos chants. Un ami m’a dit une fois : ‘Le Mur jaune, quand tu y rentres une fois, tu n’en ressors plus jamais.’ C’était inoubliable. » « Je n’ai jamais ressenti des supporters à ce point derrière leur équipe », nous racontait Jordan, qui a été « parcouru par des frissons » le jour où il a enfin pu accéder au Saint des saints, un privilège réservé aux abonnés et aux fan-clubs. « Le Mur pousse sans arrêt. »

« Une fois qu’on y a goûté, on veut à tout prix y retourner », assurait-il. « Dans tout le stade, l’ambiance est là mais dans le Mur, on ressent tout. C’est stratosphérique. C’est le 12e homme, comme on dit souvent. » D’ailleurs, lorsqu’on interroge les fans de Dortmund, tous sont catégoriques : « Sans le Mur jaune, ce n’est pas pareil. C’est le Mur qui fait l’ambiance, c’est lui qui donne la cadence à suivre. » 

À l’intérieur du « Mur jaune » pendant un match du BvB en championnat. – DR / TF1info

Comprenez une tribune, la seule qu’il est interdit de quitter, même pour aller aux toilettes, qui a la capacité d’influer le match qui se dispute à ses pieds. Le quart de finale retour renversant contre l’Atlético (4-2), après la défaite à Madrid à l’aller (2-1), en est l’illustration parfaite. « Ça a un impact sur les joueurs. Il y a du bruit tout le temps », nous glissait-on. Un cauchemar pour le gardien adverse « sous pression pendant les 45 minutes où il doit rester là », dos au géant de béton. 

C’est comme s’il y avait 150.000 fans debout.

Jürgen Klopp, ex-entraîneur du Borussia Dortmund

Une ferveur incommensurable, poétisée par le documentaire Human de Yann Arthus-Bertrand, que les acteurs du match eux-mêmes ressentent dès la sortie du tunnel. « Quand vous en sortez, l’endroit explose », décrivait Jürgen Klopp, qui a vécu au rythme des pérégrinations du « Mur », du temps où il entraînait le BvB (2008-2015). « C’est comme si vous naissiez, c’est comme sortir de l’obscurité pour trouver la lumière. Vous regardez à votre gauche (en sortant du couloir, ndlr) et c’est comme s’il y avait 150.000 fans debout dans la tribune en train de devenir complètement fous. » 

« Dans les moments chauds, le coéquipier situé à 10 mètres de toi ne t’entend pas. Même si tu cries ! », assurait à L’Équipe l’ancien défenseur Romain Brégerie, abasourdi par le vacarme de la Südtribune, qui entonne avant chaque match le mythique « You’ll never walk alone » (« Tu ne marcheras jamais seul », en français), hymne popularisé par les fans de Liverpool. « Il faut vraiment tout donner pour se faire entendre. Et encore, la plupart du temps, ça ne sert à rien. »

 « On n’arrive pas à s’entendre tellement ils sont bruyants », abondait le milieu offensif Ibrahima Traoré, hanté par ce « Mur jaune » hostile auquel il s’est frotté de près durant l’échauffement. « C’était l’enfer. Ils nous jetaient de la bière, ils se foutaient de notre gueule. On espérait juste entrer en jeu pour ne plus être là ou (…) retourner sur le banc. »

Aussi impressionnant et perturbant qu’il puisse être, le « Mur jaune » n’est toutefois pas insurmontable. Surpris en 2017 lors leur premier face-à-face en 2020 (2-1), le PSG a montré pas plus tard qu’en décembre dernier, lors de la phase de poules, qu’il pouvait lui résister (1-1). À lui désormais de le faire tomber, comme l’AS Monaco en 2017 (2-3), alors emmené par un jeune prodige âgé de 18 ans qui s’est, ce soir-là, révélé aux yeux du monde. Son nom ? Kylian Mbappé.


Yohan ROBLIN

Partager
Exit mobile version