samedi, septembre 21

Le lac de Pombonne, à Bergerac, est envahi depuis plusieurs années par les écrevisses de Louisiane.
Cette espèce invasive peut provoquer d’importants dégâts sur les milieux et la biodiversité.
Leur prolifération est telle que la commune a dépêché un agent chargé d’en capturer et d’en tuer le plus possible.

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Notre planète

Une couleur rouge très caractéristique et des centaines de petits crustacés, massés sur les rives du lac de Pombonne à Bergerac. Cette étendue d’eau de Dordogne doit faire face à un envahisseur particulièrement coriace : l’écrevisse de Louisiane. « Il y a une quantité de 1200, 1230 qu’on a réussi à prélever sur le plan d’eau nature », assure Nicolas Bongiovanni, adjoint technique à la mairie, dans le reportage en tête de cet article. Le crustacé est une espèce nuisible qui prolifère dans le poumon vert de Bergerac.

Un seau regroupant les écrevisses de Louisiane capturées dans le lac de Pombonne, à côté de Bergerac – TF1

Pour lutter contre cette colonisation, la mairie a dépêché son adjoint technique, seul piégeur agréé pour tenter de réguler les populations. Chaque jour, il doit en éliminer le plus possible. Mais « la chaleur d’été plus une quantité d’eau importante fait que les écrevisses se sont reproduites plus que d’habitude », pointe Nicolas Bongiovanni qui souligne que « comme toute espèce invasive, elle crée des déséquilibres sur les milieux«  avec « des maladies qu’elle peut porter sur des espèces autochtones, et il faut être présent, il faut réguler ». 

Le prédateur chasse en effet le petit poisson et les grenouilles. Il creuse également dans les berges, provocant d’importants dégâts. D’où la nécessité de limiter leur nombre. Une tâche presque impossible : une seule écrevisse de Louisiane peut pondre jusqu’à 750 œufs par an. Cette année, le crustacé a colonisé le lac, mais aussi les herbes et même les chemins et les routes.

Des animaux qui coûtent (très) cher

Ces écrevisses venues des États-Unis ont été importées en France au milieu des années 70 pour créer un élevage. Depuis, elles ont colonisé les cours d’eau et les lacs du sud-ouest du pays, et s’étendent peu à peu au reste de l’Hexagone. Si elles sont néfastes pour l’environnement, elles ne représentent pas de risque pour l’homme et les animaux. Elles peuvent même être dégustées lors des repas. Mais attention, pour pouvoir en prélever, il faut être détenteur d’une carte de pêche et il est interdit de les transporter vivantes, pour éviter que l’animal invasif ne colonise plus vite d’autres étendues d’eau.

Selon une étude du CNRS et de l’université Paris-Saclay publiée l’année dernière, les « espèces exotiques envahissantes » comme l’écrevisse de Louisiane, les fourmis de feu ou les ragondins, coûtent chaque année très cher à la planète. Ces invasions biologiques ont eu des répercussions financières équivalentes à celles provoquées par les tempêtes ou les inondations sur les 40 dernières années. Elles représentent même un montant bien supérieur aux dégâts provoqués par les sécheresses et les feux de forêt combinés.

En France, selon Invacost, les espèces invasives ont coûté environ 1,4 milliard de dollars (environ 1,2 milliard d’euros) entre 1992 et 2020 pour 98 espèces considérées comme invasives. Le pays est l’un des États européens les plus touchés par la prolifération de ces espèces. Et la situation pourrait s’aggraver dans les années à venir avec le changement climatique, qui étend les territoires où ces animaux peuvent vivre.


La rédaction de TF1info | Reportage TF1 : Tristan Vartanian, Yael Chambon et Nicolas Forestier

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