
Donald Trump a présidé, jeudi 4 décembre, à Washington, une cérémonie de signature d’un accord de paix avec ses homologues congolais et rwandais, dans un bâtiment renommé en son honneur, alors même que d’intenses combats se déroulent dans l’est de la République du Congo. « Cela va être un grand miracle », a dit le président américain, en vantant un accord « puissant et détaillé », tandis que les présidents de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, et du Rwanda, Paul Kagame, ont eu une tonalité plus prudente.
Les deux dirigeants vont à l’avenir « passer beaucoup de temps à se donner des accolades et se tenir la main », a prédit Donald Trump, avec son emphase habituelle, en assurant aussi que « tout le monde allait gagner beaucoup d’argent » grâce à ces « accords de Washington », qui comportent une dimension économique. La cérémonie de signature s’est tenue à l’Institut des Etats-Unis pour la paix, renommé mercredi en « Institut Donald Trump pour la paix » par le département d’Etat.
« C’est un grand honneur », s’est réjoui Donald Trump, qui se targue d’être un grand pacificateur même si ses interventions dans divers conflits internationaux ont eu des résultats contrastés. Paul Kagame a salué sa médiation « pragmatique », tout en avertissant qu’il y aurait « des hauts et des bas » dans l’application de l’accord. Félix Tshisekedi a lui aussi remercié le républicain de 79 ans pour avoir amené les deux pays à un « tournant », et a salué « le début d’un nouveau chemin », en avertissant toutefois que celui-ci serait « exigeant » et « assez difficile ».
Tirs d’armes lourdes et légères
Les accords signés jeudi comportent trois volets. Le premier porte sur la cessation des hostilités, avec l’instauration d’un cessez-le-feu, un programme de désarmement, un processus de retour des personnes déplacées et des mesures de « justice » contre les responsables d’exactions, selon Donald Trump. Le second volet est un cadre d’intégration économique régionale. Le dernier pan porte sur la conclusion d’accords bilatéraux des Etats-Unis avec chacun des deux pays sur l’exploitation de minerais stratégiques, indispensables aux industries de pointe et dont la RDC en particulier regorge.
Sur le terrain, les combats font rage depuis plusieurs jours entre le groupe armé M23, soutenu par Kigali, et l’armée congolaise, appuyée par des milices, dans la province du Sud-Kivu (est de la RDC), selon des sources locales. Le M23 – qui n’a jamais reconnu officiellement ses liens avec Kigali – et les autorités de RDC s’accusent régulièrement de violer le cessez-le-feu qu’ils se sont engagés à respecter dans le cadre d’une médiation parallèle menée par le Qatar à Doha.
Des tirs d’armes lourdes et légères ont résonné jeudi en début de matinée aux abords de Kamanyola, une agglomération congolaise contrôlée par le M23, frontalière du Rwanda et du Burundi, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP) sur place. A Kaziba, une localité située dans les plateaux du Sud-Kivu et théâtre d’intenses combats depuis mardi, les affrontements ont repris « à partir de 5 h 30 » locales (4 h 30 à Paris), et des avions de chasse ont « pilonné » la zone vers 8 h 30, a précisé un représentant de la société civile sous couvert de l’anonymat. L’AFP n’a pas été en mesure de déterminer un bilan fiable de ces affrontements auprès de sources indépendantes.
« Beaucoup de maisons ont été bombardées et il y a beaucoup de morts », avait déclaré mercredi à l’AFP René Chubaka Kalembire, un responsable administratif à Kaziba, localité sous contrôle du M23. Les conflits armés qui ensanglantent la région depuis trois décennies ont déplacé des centaines de milliers de personnes et provoqué une vaste crise humanitaire.




