vendredi, octobre 11

Sanofi a annoncé négocier le contrôle de sa filiale de produits pharmaceutiques en vente libre avec un fonds d’investissement américain.
Parmi les médicaments concernés, on compte le Doliprane mais aussi le Dulcolax, la Lysopaïne ou le Maalox.

Le Doliprane, médicament le plus vendu en France, est sur le point de passer sous pavillon américain. Vendredi 11 octobre, le groupe pharmaceutique français Sanofi a annoncé négocier avec le fonds d’investissement américain CD&R pour lui céder le contrôle de sa filiale de produits en vente libre nommé Opella.

Dans un communiqué, Sanofi déclare « avoir entamé des négociations avec CD&R pour la cession potentielle d’une participation de contrôle de 50% dans Opella« . Il ne fournit aucun détail sur cette opération mais indique qu’il communiquera « en temps voulu, lorsqu’une décision aura été prise » concernant sa filiale qui chapeaute une centaine de marques dont le Doliprane mais aussi le Dulcolax, la Lysopaïne ou le Maalox. 

Selon le journal économique Les Echos, le potentiel repreneur américain a offert plus de 15 milliards d’euros pour mettre la main sur Opella, qui se revendique numéro trois mondial des médicaments sans ordonnance, vitamines, minéraux et compléments alimentaires. 

Les Français continueront d’en trouver en pharmacies, assure Sanofi

Ce projet de séparation avait été annoncé il y a presque un an pour permettre à Sanofi d’accélérer dans l’innovation et de se positionner en champion de l’immunologie, et à Opella de se concentrer sur sa stratégie de croissance dans son domaine, considéré plus proche d’une logique de consommation que de la pharmacie. 

Depuis, cette scission soulève des préoccupations en France concernant l’avenir du Doliprane, fabriqué à Lisieux (Calvados) et Compiègne (Oise) et sur des risques de délocalisation de sa production. Sanofi répète depuis des mois que la scission ne marque pas la mort du Doliprane et que les Français continueront d’en trouver en pharmacies. Avec pour preuve, 50 millions d’euros déjà investis sur la dernière décennie sur le site de Lisieux, qui produit la quasi-totalité du Doliprane, auxquels s’ajoutent actuellement 20 millions d’euros supplémentaires pour augmenter de 40% la capacité de production du Doliprane dans les prochaines années. 

La vigilance reste de mise au niveau de l’exécutif, car l’approvisionnement en paracétamol a connu des périodes de tensions au cours de l’hiver 2022-2023 (nouvelle fenêtre), notamment. Pour limiter les pénuries, Emmanuel Macron avait, le 13 juin 2023, annoncé sécuriser l’approvisionnement de 450 médicaments, dont le paracétamol, « en relocalisant totalement, soit en diversifiant et en continuant d’innover. » Pour cela, « 8 nouveaux projets de relocalisation avec chacun plusieurs molécules sont soutenus par l’État via France 2030 et vont être lancés, représentant un investissement total de plus de 160 millions d’euros« , avait expliqué le chef de l’État dans son discours. 

Garantir « l’empreinte industrielle française d’Opella »

Les ministres de l’Économie, Antoine Armand, et de l’Industrie, Marc Ferracci, dans un communiqué, ont demandé vendredi des engagements de Sanofi et du futur repreneur visant à garantir le « maintien du siège et des centres de décisions sur le territoire national » et « l’empreinte industrielle française d’Opella« . 

Dans cette perspective, ils soulignent que l’État mobilise  « l’ensemble des outils à sa disposition« , parmi lesquels ceux permettant le contrôle des investissements étrangers en France, rappelle le communiqué.

Opella a beau avoir des racines françaises et le Doliprane être sa deuxième marque en termes de revenus, la France ne représente que 8% des ventes du groupe, les États-Unis étant son premier marché avec près de 25% de son chiffre d’affaires. Dans ce projet de séparation sur lequel il planche depuis l’automne 2023, Sanofi conserve une part significative dans Opella, sur lequel le drapeau national continuera donc de flotter. 


Garance RENAC

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