jeudi, janvier 2

Ils sont utilisés par les deux camps dans la guerre en Ukraine.
Les drones se sont imposés dans tous les aspects stratégiques.
Une équipe de LCI a pu constater comment leur utilisation avait tout changé sur le front.

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Ukraine : bientôt trois ans de guerre

En Ukraine, les drones sont désormais indispensables aux deux belligérants. Pour les frappes d’artillerie, les attaques kamikazes ou la surveillance, ils sont devenus une pièce maîtresse des militaires, et une composante incontournable des stratégies militaires. Il y a quelques jours, l’Ukraine a encore poussé plus loin leur utilisation : son armée a lancé le premier assaut entièrement mené par des drones. 

Une équipe de LCI a pu constater sur le front au nord-est de Pokrovsk, aux côtés de soldats ukrainiens, comment l’usage des drones avait profondément modifié la nature du conflit. Dans certaines unités d’artillerie, comme celle que l’on voit en action dans le reportage ci-dessus, 80% des cibles sont ajustées grâce aux drones. Mais l’ennemi en dispose aussi, et les soldats suivis par notre équipe sont repérés. Il faut aller s’abriter d’urgence, avant une possible frappe.

« Tout le monde à l’intérieur ! », crie un soldat. C’est le fixeur de l’équipe de LCI, Kostia Yaremenko, qui décrypte la situation encore confuse. « Il y a des bombes planantes qui ont été larguées », explique-t-il, « il y a des drones entre la position de tir et ici. Et là, ils viennent d’annoncer qu’il y a aussi des bombes planantes qui arrivent ». Larguées de très loin pour ne pas exposer les bombardiers russes à la DCA ukrainienne, les bombes planantes ont été guidées par les informations recueillies par les drones.

Il faut attendre dans une angoisse irrespirable, que les redoutables bombes atteignent leur cible. Combien de temps ? « Environ dix minutes jusqu’à ce que ça arrive », répond un soldat, qui prévient : « Ce sera évident, soit on l’entendra, ou bien… ». Une bombe planante pulvériserait l’abri dans lequel se sont réfugiés les soldats et l’équipe. « Personne ne sait où les bombes planantes peuvent frapper », poursuit un autre soldat, alors que l’inquiétude augmente. Jusqu’à ce qu’une première détonation se fasse entendre. « Ça y est, en voilà une. Deux ! Il y a eu la deuxième ». Le refuge a été épargné et les soldats ukrainiens peuvent remonter à l’air libre. Si elles sont plus puissantes, et permettent de frapper de loin, les bombes planantes sont aussi moins précises.

Précis, les Ukrainiens l’ont été très récemment, avec une opération spectaculaire : le premier assaut entièrement mené à bien par des drones. Il a eu lieu au nord de Kharkiv, et comprenait plusieurs dizaines d’engins. Des drones kamikazes volants, des drones de surveillance aérienne, mais aussi des drones terrestres, chenillés et équipés de mitrailleuses. Une tactique efficace pour faire reculer les Russes sans risquer des vies ukrainiennes. « Les hommes sont notre principale ressource », estime Maxim, de la brigade Khartia, « on l’a toujours dit : la guerre provoque des pertes. Notre travail est de les minimiser, au maximum. »

Les drones servent aussi à empêcher l’ennemi d’avancer, dans cette guerre de positions comme l’Europe n’en avait pas connue depuis les grands conflits du XXᵉ siècle. Un drone de surveillance a, par exemple, permis de filmer le barrage de Kahkovka, sous contrôle russe. Sa destruction par Moscou a asséché le Dniepr, comme l’ont démontré les images de drone. Le fleuve est moins difficile à traverser, ce qui constitue un risque supplémentaire pour l’armée ukrainienne. « Nous surveillons l’ennemi chaque jour, pour qu’il n’ait même pas la possibilité de s’organiser », nous dit Sergii, de la 72ᵉ brigade mécanisée.

Mais qu’ils soient russes ou ukrainiens, les drones ont leurs limites, à commencer par la visibilité. « Les offensives de l’ennemi se font grâce à leurs renseignements », explique Sergii, « quand la météo est mauvaise, il y a moins de possibilité d’attaque, et moins de bombardements ». Plus de 96% des drones utilisés cette année par les forces armées d’Ukraine ont été fabriqués dans le pays, qui en a produit 1,5 million d’unités rien que pour les missions kamikazes.


La rédaction de TF1info | Reportage : Thomas Misrachi, Arthur Grollet et Kostia Yaremenko

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