En France, 46 % des mariages se soldent par un divorce.
De plus en plus de couples séparés décident de continuer à vivre sous le même toit, après le divorce.
Les raisons de cette colocation entre ex-amoureux sont nombreuses.
Une relation amoureuse n’est pas un long fleuve tranquille. Si la formation d’un couple est un chemin jonché d’étapes, la rupture l’est tout autant. Aujourd’hui, de plus en plus de couples divorcés décident, par exemple, de continuer de vivre sous le même toit. Une cohabitation entre anciens amoureux qui s’explique par différents facteurs.
Enfants, argent… les raisons de la cohabitation
Bien souvent, le divorce est une étape difficile et douloureuse pour les couples. Il se traduit par l’abandon du logement commun et des routes qui se séparent. Pourtant, de plus en plus de couples divorcés décident de conserver ce logement et de partager cet espace avec l’ex-moitié. Cette pratique est d’ailleurs déjà bien installée au Royaume-Uni où un tiers des couples divorcés cohabitent sous le même toit.
Selon une étude menée par l’INED en France en 2020 et publiée dans Populations et Sociétés, cette cohabitation est mise en place notamment lorsqu’il y a des enfants, des biens communs ou lorsque le couple a partagé plus de quinze ans de vie commune. L’étude explique que la poursuite de la vie commune après séparation est « d’abord étroitement liée à la situation familiale« . Ainsi, « lorsque les enfants sont jeunes, la poursuite de la vie commune permet éventuellement de maintenir le couple parental, de préparer les enfants à la séparation et de redéfinir l’organisation quotidienne de la famille« . Ce serait une méthode moins traumatisante à vivre pour les enfants.
Une autre explication est d’ordre financier. Avec les loyers qui flambent, déménager et emménager coûte cher. Le coût de la vie augmente également et les budgets sont de moins en moins suffisants. Résultat : la fin de la vie à deux signifie aussi une perte de qualité de vie. En effet, il est plus coûteux de vivre seul qu’en couple. L’étude de l’INED ajoute : « La décision de savoir qui va quitter le logement (l’un des deux, ou les deux), la vente éventuelle de celui-ci ou le partage des biens mobiliers sont autant d’éléments qui contribuent à allonger le processus de séparation et favorisent la poursuite de la cohabitation« .
Cohabiter en étant divorcé, une fausse bonne idée ?
Interrogée par Doctissimo, la psychologue Marie-Estelle Dupont explique que continuer de vivre avec son ex-moitié rend le deuil impossible. « On ne peut pas se séparer psychiquement et séparer deux vies qui ont été si fortement liées en se voyant tous les jours, en partageant le même toit ou encore les lieux d’intimité« . Certes, la cohabitation reste gérable sur une courte période, si les deux ex-amoureux sont capables de poser un cadre. Mais pour elle, « la séparation nécessite aussi une distance corporelle, une distance avec l’odeur de l’autre, le rythme de l’autre ».
De plus, la cohabitation entre parents divorcés pour ne pas chambouler les enfants est aussi une mauvaise raison pour la psychologue. « Il faut que vos enfants comprennent que l’équipe parentale persiste, mais que vous n’êtes plus des amoureux« . Elle ajoute : « Les enfants ont une telle résistance psychique au fait que les parents ne soient plus amoureux, que plus le couple vivra sous le même toit, plus les enfants seront perdus et sans repère. Tout va confirmer leur fantasme que papa et maman sont restés ensemble« .