Chaque mercredi, Le Monde Afrique vous présente trois nouveautés musicales issues ou inspirées du continent. Cette semaine, le Sénégal est à l’honneur avec les nouveaux albums d’Hervé Samb, de Julia Sarr et de Didier Awadi, tous les trois sortis en février.
« Gëm Sa Bop », d’Hervé Samb
Né il y a une quarantaine d’années à Rufisque, Hervé Samb vient de publier son sixième album, Jolof, dans lequel le guitariste et compositeur précise son « jazz sabar » esquissé en 2018 dans l’opus Teranga. Le sabar, c’est le tambour emblématique du Sénégal et, par extension, l’ensemble de percussions, le style de musique et la danse qui y sont associés. C’est aussi l’instrument qui a donné son rythme si typique au mbalax de Youssou Ndour ou Omar Pène. Hervé Samb et son Teranga Band, quant à eux, reprennent les codes de cette tradition tout en lui insufflant un vent de liberté nourri de blues et de jazz.
« Njaboot », de Julia Sarr (feat. Fred Soul)
C’est aussi grâce au jazz que la chanteuse Julia Sarr, née à Dakar mais installée depuis plus de trente ans en France, parvient à délivrer « un chant wolof décomplexé de tous les ancrages de la tradition ». Après s’être illustrée comme choriste auprès des plus grands (Miriam Makeba, Youssou Ndour, Salif Keïta, Alpha Blondy…), la mezzo-soprano a lancé sa carrière solo avec l’album Daraludul Yow, en 2014, auquel il faut désormais ajouter Njaboot. Pour ce disque tout en délicatesse, elle a fait appel au pianiste et compositeur Fred Soul, qui tisse autour de sa voix une trame musicale sensible et intimiste.
« Quand on refuse on dit non », de Didier Awadi (feat. Diyane Adams)
Faut-il encore présenter Didier Awadi ? Né en 1969 à Dakar d’un père béninois et d’une mère cap-verdienne, c’est le pionnier du rap « galsen » au côté de Duggy Tee, avec qui il fonda le groupe Positive Black Soul (PBS) et fit paraître un album historique, Salaam, en 1995. Parallèlement, le rappeur a mené une carrière solo placée sous le signe de l’engagement, pourfendant les élites corrompues et appelant sans relâche à l’unité du continent. En témoigne son nouvel opus, Quand on refuse on dit non – un titre emprunté à l’écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma –, dans lequel il ne mâche toujours pas ses mots.
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L’amour à l’Arabofolies
Rendez-vous saisonnier de l’Institut du monde arabe (IMA), à Paris, le festival Arabofolies tient sa prochaine édition du 9 au 18 mars. Avec un thème tout trouvé, puisque c’est le même que celui de l’exposition en cours, intitulée « Habibi, les révolutions de l’amour », visible jusqu’au 19 mars.
Au programme : la guitariste palestinienne Rasha Nahas, née à Haïfa et installée à Berlin, dont le folk est teinté de rock et de jazz ; la chanteuse Yelli Yelli, qui raconte ses identités multiples entre la France, la République tchèque et la Kabylie ; le duo Hals, formé par la Marocaine Oum au chant et le Cubain M-Carlos aux machines ; le Libanais Mous Bahri, artiste queer inspiré autant par Oum Kalthoum que par Madonna ; et l’Algérien Abderrahmane Djalti, première grande vedette du raï qui ne soit pas issue de l’Oranie.
Autant d’artistes à travers lesquels le festival entend « décliner en musique toutes les gammes des sentiments qui nous traversent et nous façonnent ».