Varnish La Piscine, le rap « made in Suisse »

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Le lac de Genève – ou lac Léman – devait, jusque-là, son succès aux activités financières et diplomatiques de la deuxième ville la plus peuplée de Suisse (après Zurich) plus qu’à la réussite de sa scène hip-hop. This Lake is Successful, le nouveau mini-album de Varnish La Piscine, changera-t-il la donne ? Il confirme, en tout cas, la créative excentricité de ce rappeur, producteur et cinéaste genevois d’origine congolaise, dont l’univers rétrofuturiste, magnifié sur scène par les instrumentistes funk jazz de son groupe, L’Eclair, sera, vendredi 2 juin, à Paris, à l’affiche du festival We Love Green.

Après le triomphe du rap du plat pays belge (Damso, Hamza, Roméo Elvis…), celui des Alpes romandes, fréquenté par Jephté Mbisi, alias Varnish La Piscine, peut côtoyer les sommets. « L’heure a sonné pour la Suisse », parie Pedro Winter, figure de l’électro « made in France » et patron du label discographique Ed Banger, qui publie le disque du Genevois. « Même si leurs audaces empruntent plus les chemins de montagne que l’autoroute », ajoute l’ancien manageur des Daft Punk, à qui le profil de Varnish rappelle celui de son ancien protégé et ami DJ Mehdi, beatmaker devenu rappeur, mort accidentellement, en 2011, à l’âge de 34 ans.

Venu à vélo nous chercher à la gare de Genève, le chanteur nous guide jusqu’aux locaux de The Spot, QG historique de l’inventive scène locale. Avec la bonhomie d’un imposant nounours, il revendique son épanouissement dans ce décor lacustre. « Genève est une métropole apaisante, à l’ouverture multiculturelle », assure-t-il. Il a grandi à Meyrin, en périphérie de la ville, sans avoir à souffrir du racisme ou des tensions urbaines. « Ce bien-être permet de décupler notre imagination. »

Enfant, Jephté Mbisi s’imaginait astronaute. « Jusqu’à ce que je réalise qu’il fallait être très bon en maths. J’ai alors choisi que la musique serait mon vaisseau spatial. Et ma machine à remonter le temps. » Retour au début des années 2000, où le gamin, né à Genève, en 1994, se plonge avec délice dans l’éclectisme de la discothèque familiale. Pop, rock, chanson, soul, funk… Sans oublier les héros de la rumba congolaise. « J’étais un grand fan de Papa Wemba, se rappelle-t-il. J’admirais sa carrière internationale, sa façon de collaborer avec des stars étrangères, comme Peter Gabriel. »

Grand arbre généalogique

Un Américain fera pour de bon décoller sa fusée musicale. Un électrochoc fondateur nommé Pharrell Williams. « D’abord en écoutant Tape You, un des premiers morceaux de son groupe N.E.R.D, alors que j’avais à peine 10 ans », se souvient Mbisi. « J’étais troublé par ce mélange déstabilisant de rap-rock-funk et une voix dont je ne comprenais pas si c’était celle d’une fille ou d’un garçon. » A l’époque, celui qui deviendra la voix des Daft Punk pour le single Get Lucky (2013), avant de triompher en solo avec le tube Happy (2014), s’était fait connaître par ses productions au sein du duo de réalisateurs The Neptunes, formé avec Chad Hugo. A leur palmarès, une collection de hits chantés, entre autres, par Snoop Dogg, Britney Spears, Gwen Stefani, puisant dans une épure avant-gardiste l’inspiration d’une efficacité innovante.

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