Un rapport de la Cour des comptes souligne les fragilités du Palais de Tokyo

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Inauguré en janvier 2002, le Palais de Tokyo, le plus spacieux centre d’art d’Europe avec ses 22 000 m2 au cœur de Paris, a récemment fêté ses 20 ans, l’âge du bilan nécessaire, auquel s’est livrée la Cour des comptes dans un rapport rendu public le 2 mars. Un examen approfondi de sa gouvernance, de sa gestion et de son pilotage révèle des fragilités intrinsèques, exacerbées par la pandémie. Rien d’alarmant toutefois dans les observations formulées par l’institution de la rue Cambon, mais un appel à un dialogue plus « affiné » avec l’Etat sur les questions de transparence et d’exemplarité du lieu, qui dépend autant de l’argent public que de l’argent privé.

Créé sous une forme associative, le « PalTok », comme le surnomment les gens du milieu, s’est constitué en 2011 en société par actions simplifiée unipersonnelle (SASU), dont l’Etat est l’unique actionnaire. Supposé plus souple que celui d’un établissement public, ce statut devait faciliter son développement commercial. Il ne va toutefois pas sans poser de problèmes d’ordre déontologique, en exonérant ses dirigeants d’un avis favorable de la Haute Autorité de transparence de la vie publique lorsqu’ils rejoignent le secteur privé. Cela fut ainsi le cas au moment du départ, en 2021, de sa présidente, Emma Lavigne, pour la Bourse de commerce-Collection Pinault, l’un des principaux prêteurs de l’exposition de l’artiste allemande Anne Imhof, organisée la même année au Palais de Tokyo.

Pour éviter les risques de conflit d’intérêts, le centre d’art a depuis instauré un règlement intérieur, jugé toutefois insuffisant par la Cour des comptes, qui appelle le ministère de la culture à un surcroît de vigilance sur la nomination au conseil d’administration de personnalités « professionnellement intéressées à l’évolution de la cote de certains artistes contemporains ».

Un édifice qui prend l’eau

Le rapport questionne aussi le modèle économique de l’institution, qui relève du ministère de la culture mais doit trouver environ 60 % de son budget auprès du privé. Entre 2012 et 2018, le Palais de Tokyo a triplé ses rentrées d’argent, mais le Covid-19 a sonné la fin du match. Avant cela, les comptes de la SASU ont aussi été affectés, en 2016, par un détournement des recettes de la billetterie à hauteur de 259 000 euros par un agent depuis licencié, puis par les défauts de paiement successifs de deux concessionnaires. Les cartes blanches données aux artistes qui investissent l’intégralité du site se révèlent aussi parfois peu rentables. Ainsi celle confiée à Anne Imhof, déficitaire à hauteur d’1,3 million d’euros selon le rapport.

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