Tueurs à gages et gangsters à l’italienne dans trois films policiers rares à (re)découvrir

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L’éditeur Elephant Films a depuis quelques mois la bonne idée de proposer en DVD – Blu-ray quelques titres représentatifs d’un certain cinéma policier italien. Une catégorie de films qui va connaître un petit succès à partir de la fin des années 1960. Le titre donné à la collection, « Les années de plomb », semble vouloir rattacher le genre à la situation que traversait alors la société italienne en proie à un sentiment général d’insécurité lié au développement de la violence politique et crapuleuse.

Trois nouveaux titres, trois œuvres rares, viennent de paraître, qui permettront d’apprécier les qualités d’un cinéma du samedi soir toujours traversé par quelques éclats inspirés. Le premier d’entre eux est légèrement antérieur à l’époque concernée. Technique d’un meurtre, sorti en ­­1966, est signé Frank Shannon, pseudonyme du cinéaste Franco Prosperi. L’acteur américain Robert Webber y incarne un tueur à gages new-yorkais qu’une organisation mafieuse envoie en France pour éliminer un traître.

On lui adjoint un jeune apprenti assassin (Franco Nero) qu’il est censé former au métier. Variation sur l’apprentissage et les rapports entre maître et disciple, le récit, filmé avec une certaine élégance, enchaîne les coups de théâtre pour se finir sur une note désabusée. Une œuvre typique de ce qu’était le post-hollywoodisme transalpin d’alors.

Brutal et mal élevé

La Guerre des gangs, d’Umberto Lenzi, date de 1973. C’est le début d’une époque durant laquelle le polar italien va devenir brutal et mal élevé. On y suit le parcours d’un chef de gang qui contrôle la prostitution à Milan. Il est menacé par les ambitions d’un autre gang dirigé par un Français (Philippe Leroy). Antonio Sabato incarne le personnage principal, Salvatore Cangemi dit « Toto », Sicilien pauvre devenu maquereau pour échapper à la misère du travail salarié et de l’exploitation en usine.

C’est une sorte de monstre dénué de tout scrupule et en proie à de redoutables crises de rage. Le film acclimate les récits traditionnels de gangsters (Le Parrain, de Coppola, pourrait être une des sources d’inspiration, un peu écrasante, du film) au climat brumeux de la capitale lombarde et regarde ses personnages avec une sorte de froideur qui en accentue la dimension inhumaine.

Antonio Sabato dans « La Guerre des gangs » (1973), d’Umberto Lenzi.

Mais, indiscutablement, le meilleur titre des trois est La mort remonte à hier soir, réalisé en 1970 et qui ne connut pas de sortie commerciale en France en son temps. Il est signé du talentueux Duccio Tessari, à qui l’on doit un amusant péplum (Les Titans), un excellent western (Le Retour de Ringo) et surtout un formidable film d’action avec Alain Delon (Big Guns, disponible en Blu-ray depuis quelques semaines). Le film est l’adaptation, davantage fidèle à l’esprit qu’à la lettre, d’un roman de Giorgio Scerbanenco, Les Milanais tuent le samedi (réédition Babelio, 2011), dont il restitue la mélancolie poissarde et désespérée.

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