« The Changeling », sur Apple TV+ : mystères et traumas familiaux autour d’un bébé disparu

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APPLE TV+ – À LA DEMANDE – SÉRIE

Pour ceux dont les connaissances en sorcellerie sont rudimentaires, rappelons qu’un changelin est un leurre déposé par un être maléfique en lieu et place du bébé qu’il vient d’enlever. La précision n’est pas inutile, car elle permet d’entrevoir, dès les premiers épisodes, sur quels chemins la minisérie adaptée du livre éponyme de Victor LaValle, paru en 2017, emmène le téléspectateur.

Il faudra toutefois du temps pour (vaguement) comprendre ce qui s’est joué autour de la disparition du bébé Brian, tant la série s’amuse à semer de petits cailloux, à multiplier les références et les sous-entendus, à poser des questions auxquelles elle ne répondra pas toujours.

Dans ses premiers moments, The Changeling alterne les retours en arrière et les scènes au présent pour faire se rencontrer les destinées d’Emma et Apollo. Tous deux enfants d’un couple mixte, ils ont trouvé dans leur amour des livres (il achète et revend des ouvrages rares, elle est bibliothécaire) la consolation nécessaire à une enfance tourmentée. Tous les deux sont également perméables au surnaturel.

Forces du mal

Emma revient transformée d’un long séjour au Brésil, au cours duquel une sorcière lui a promis de réaliser trois vœux. Apollo se surnomme « le dieu » – moins par mégalomanie que pour tenir à distance un sentiment d’insécurité lié à l’absence de son père. Quand Emma accepte de l’épouser, Apollo tranche, par défi, le bracelet noué autour du poignet par la vieille femme. Et déchaîne, sans le vouloir, les forces du mal.

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Tout se détraque à la naissance de leur enfant, Brian. Tandis qu’Apollo fait de son mieux pour compenser l’absence de son père en couvant son tout-petit, Emma s’enfonce dans la paranoïa et une dépression postpartum qui n’est pas sans rappeler celle de Rosemary’s Baby (1968). La disparition tragique et mystérieuse de l’enfant ouvre alors la voie à un récit pétri de fantastique, chargé d’un symbolisme parfois confus.

Brian naît dans un wagon du « “A” Train », celui qu’a célébré Duke Ellington et qui relie Harlem au sud de Manhattan ; le père d’Apollo lui apparaît en rêve, le visage masqué de bleu, comme les Watchmen (2019) de la série de Damon Lindelof ; le scénario entrecroise le souvenir de la ségrégation et des éléments du folklore nordique à travers un inquiétant harceleur d’origine norvégienne…

En puisant dans l’imaginaire de l’immigration, The Changeling rappelle que les migrants emportent avec eux leurs traumas, et que ceux-ci se perpétuent de génération en génération. C’est l’un des nombreux sous-textes de la série, qui, malgré son incarnation très forte par Lakeith Stanfield (Atlanta) et Clark Backo, croule parfois sous son propre poids.

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