« Taïwan, nation interdite », sur France 5 : une puissance économique sous la menace militaire de la Chine

FRANCE 5 − DIMANCHE 7 MAI À 20 H 55 − DOCUMENTAIRE

Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’invasion de Taïwan par la Chine ? « Il ne faut jamais dire jamais », rappelle l’amiral Lee Hsi-min, ancien chef d’état-major de l’armée taïwanaise, chargé d’établir un plan en cas d’invasion. Depuis le 24 février 2022, en effet, premier jour de la guerre aux portes de l’Europe, la menace s’accentue sur Taïwan, île située à 160 kilomètres au large de la deuxième puissance mondiale.

Alors que Pékin multiplie les manœuvres militaires, le président chinois, Xi Jinping, déclarait, le 16 octobre 2022, souhaiter une « réunification pacifique » avec les 23 millions de Taïwanais. Oubliant l’histoire et la révolution technologique qui ont métamorphosé l’île depuis l’arrivée du dissident chinois Tchang Kaï-chek, en 1949, jusqu’à porter au pouvoir, en 2016, la présidente Tsai Ing-wen. Désormais, 95 % de la population rejette tout rattachement à la Chine.

L’histoire de ce pays est, il est vrai, complexe. Pour la rendre accessible, le réalisateur Wandrille Lanos utilise des archives, commentées avec pédagogie et gravité, avant de répertorier les handicaps et les atouts de cette « nation interdite ».

Soutien intéressé des Etats-Unis

Militairement, Taïwan ne peut pas rivaliser avec la Chine, comme l’atteste, entre autres, le survol des îles artificielles sur lesquelles cette dernière a établi ses bases. Pas plus que diplomatiquement, alors que son entrée à l’ONU est bloquée par la « reconnaissance unique » imposée par la Chine – tout pays qui reconnaît la Chine ne peut pas reconnaître aussi Taïwan. L’île n’est ainsi membre ni de l’Organisation mondiale de la santé ni d’Interpol.

Taïwan peut toutefois compter sur le soutien des Etats-Unis, depuis le Taiwan Relations Act de 1979 jusqu’à la récente déclaration de Joe Biden assurant qu’il s’engagerait militairement au côté de Taïwan en cas d’attaque par la Chine.

Ce soutien est intéressé. Devenu premier producteur mondial de semi-conducteurs, Taïwan fournit 60 % des puces électroniques et 90 % des puces de dernière génération. A l’aide de reportages, notamment dans une usine de pointe de l’île, le film revient sur la construction de cette excellence nationale depuis 1980, qui contraint aujourd’hui la Chine à lui acheter ses microprocesseurs.

Revers de la médaille, Pékin tente par tous les moyens – débauche d’ingénieurs, désinformation – de s’approprier ce savoir-faire, tout en restant le premier partenaire économique de Taïwan. Cette imbrication économique déplaît aux jeunes. Alors qu’une séquence rappelle la non moins complexe construction de l’unité nationale taïwanaise, le film donne largement la parole à la nouvelle génération – notamment à la ministre du numérique, Audrey Tang, transgenre, au stratège Enoch Wu, à l’artiste Lu Yu-han.

Tous se retrouvent autour des valeurs de démocratie, de liberté, de pluralité. Pour les défendre, ils se disent prêts à combattre et à mourir.