« State of the Union », sur Arte.tv : Nick Hornby et Stephen Frears explorent une thérapie de couple transatlantique

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ARTE.TV − À LA DEMANDE − SÉRIE

L’état de l’Union, c’est ce sur quoi discourent annuellement le souverain du Royaume-Uni ou le président des Etats-Unis. La désunion est un péril qui plane en permanence et il faut des mots pour la tenir à distance. Ce qui vaut pour les Etats vaut pour les couples, d’où le titre des deux saisons écrites par Nick Hornby, romancier et scénariste, et réalisées par Stephen Frears, chacune se déroulant de son côté de l’Atlantique.

Lire la critique (en 2020) : Article réservé à nos abonnés « A Very English Scandal », un retour en majesté pour Stephen Frears

A quelques années d’intervalle (au lendemain du Brexit, en 2019-2020, puis au lendemain de l’assaut du Capitole, en janvier 2021), State of the Union utilise le même dispositif : dix minutes avant un rendez-vous pour une session de thérapie conjugale, un couple se retrouve et s’échauffe avant le déballage devant témoin. Les dix premiers épisodes mettent aux prises un couple londonien, Louise (Rosamund Pike) et Tom (Chris O’Dowd), quadragénaires (lui un peu plus qu’elle) qui font face à l’infidélité de Louise.

Elle est gérontologue, il est critique rock au chômage. Elle aime la série Call the Midwife, qu’il trouve bêtement sentimentale ; il aime les films de Preston Sturges, auxquels elle reproche d’être en noir et blanc. Pour ne rien dire des bulletins de vote qu’ils ont glissés dans l’urne le jour du référendum sur le Brexit.

Les lecteurs de Nick Hornby (Funny Girl ; Haute fidélité ; Juliet, Naked…) connaissent son brio et sa superficialité, qui transparaît dans la facilité de certaines répliques. Malgré tout, cette approche minimaliste effleure la vérité de la vie conjugale grâce à la mise en scène précise, presque invisible, de Stephen Frears et à l’engagement des acteurs.

Affrontement entre sexagénaires

Peut-être parce que Hornby et Frears ne jouent pas à domicile le temps de la deuxième saison, située dans une ville cossue de la Côte est des Etats-Unis, celle-ci n’atteint pas les mêmes sommets. L’affrontement entre Scott (Brendan Gleeson) et Ellen (Patricia Clarkson), sexagénaires retraités et grands-parents dont les chemins se séparent, vaut tout de même d’être vu.

Ces deux-là se retrouvent dans un coffee shop dont le ou la tenancier·ère affiche fièrement sa non-binarité (Esco Jouléy, qui assume avec enthousiasme son rôle de révélateur des craintes et des désirs de ses clients). Pour Ellen, il s’agit de préparer une séparation harmonieuse – elle s’apprête à rejoindre une communauté quaker ; Scott voudrait à tout prix maintenir leur union à flot. La puissance de Brendan Gleeson et l’agilité de Patricia Clarkson surmontent les lieux communs du texte. Et puis, Stephen Frears et sa caméra sont toujours là, à l’endroit exact où la vie surgit de cette histoire ordinaire.

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