« Rictus », sur OCS Max : rire de tout ou ne plus rire du tout

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OCS MAX – JEUDI 14 SEPTEMBRE À 21 H 00 – SÉRIE

Dans un monde où le rire, jugé dégradant et insultant, a été banni, les êtres humains n’ont plus à leur disposition qu’une horrible grimace – lèvres pincées vers le bas, nez tendu, menton rentré, yeux vitreux… mention spéciale aux comédiens – pour exprimer leur joie. Les autorités veillent, qui réprimandent les récalcitrants : casque orthodontique anti-rire pour les enfants, séances de « rieurs anonymes » pour les adultes.

Stéphane (Fred Testot) est l’un de ces fonctionnaires « anti-golri ». Régulièrement nommé employé du mois, il fait la fierté de son collègue de bureau et ami Jawad (Youssef Hajdi), ainsi que de sa femme, Muriel (Constance Dollé). Seule menace à ce nouvel ordre : une bande de résistants, menée par les nostalgiques du monde d’avant, ceux pour qui l’on peut rire de tout et avec tout le monde, qui se défoulent lors de soirées costumées très pouet pouet.

L’impassibilité des visages de Rictus contraste avec le décorum dans lequel ils évoluent, que l’on pourrait situer à mi-chemin entre les années 1980 d’OVNI(s) et un clip de Philippe Katerine. Une bonne partie du potentiel comique de la série, créée par Arnaud Malherbe et Marion Festraëts, vient de cette opposition entre des visages qui tirent la tronche et le ridicule ambiant. Chaque épisode s’ouvre ainsi sur l’air de C’est la fête, le tube du moment, chanté avec énergie par deux artistes aux visages impassibles, citoyens modèles de ce petit monde où la bienveillance, les chatons et les cupcakes vegan ont remplacé tout discours critique.

Ressasser les gags

Cet univers très formalisé marche plutôt bien dans les premiers épisodes – surtout dans les scènes de bureau, qui recyclent joyeusement les blagues sur le potage à la tomate de la machine à café –, un peu moins dans la seconde moitié de la saison, qui donne l’impression de ressasser les gags, faute de pouvoir se dépêtrer de son sujet principal : peut-on encore s’exprimer dans ce monde de sales wokistes ?

La limite de la série se situe probablement dans l’excès de précaution avec lequel elle y répond. Par peur du discours réactionnaire, Rictus ne se risque pas au-delà d’une satire de la sensiblerie de notre époque, qui, en plus de « tuer » l’humour, a pour conséquence de faire que tout le monde se ressemble.

Les simagrées de Stéphane, qui essaie de faire rire sa nouvelle collègue, Céline (Ophélia Kolb), d’abord pour la piéger, ensuite pour lui faire comprendre qu’elle lui plaît, sont à ce titre l’une des jolies trouvailles de la série, qui aurait sans doute gagné à creuser un peu plus ce filon-là.

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