LOUIE MEDIA – À LA DEMANDE – SÉRIE DOCUMENTAIRE
« L’imaginaire irrigue les luttes féministes et écologiques. » Tel est le thème exploré dans le cinquième et dernier épisode, Rêves climatiques, de la série documentaire « Un jour la Terre s’ouvre », quatrième saison du podcast Injustices produit par Louie Media.
D’après une étude des Nations unies, Gender Adaptation and Disaster Risk Reduction (« adaptation au genre et réduction des risques de catastrophe »), les femmes auraient quatorze fois plus de risques que les hommes de mourir face à un événement climatique extrême. Cela « limite leur accès aux informations et aux ressources dont elles ont besoin pour réduire les risques liés aux catastrophes », déplore l’agence ONU Femmes.
La journaliste Lucile Torregrossa donne la parole à Camille Etienne, militante écologiste et créatrice de contenus ; Ketty Steward, poétesse et écrivaine de science-fiction, et Marie Toussaint, députée européenne, fondatrice de l’association Notre affaire à tous qui milite pour donner une personnalité juridique aux fleuves, aux lacs et autres espaces naturels.
Endroit si intime
« Je rêve que je suis aux Maldives, les plages sont détruites, les palmiers pliés par les tempêtes. Je réalise que je ne rejoindrai plus jamais la terre ferme. » Ainsi commence l’épisode, sur un fond sonore mêlant vagues et protestations. Le changement climatique imprègne les rêves, cet endroit si intime. Même s’il reste difficile à illustrer car « on ne peut pas imaginer les conditions de notre propre extinction », on pense que « ça arrivera forcément aux autres », dit Camille Etienne.
Ketty Steward, elle, est persuadée que rêver à toutes les possibilités, c’est envisager de multiples raisons d’être optimiste. L’autrice de science-fiction a écrit une nouvelle Retour au pays létal (dans l’ouvrage collectif Faites demi-tour dès que possible. Territoires de l’imaginaire, La Volte, 2014). Cette native de Martinique s’y décrit survolant les Antilles, dans quatre-vingt-dix ans, le nez collé au hublot : « J’avais vu cent fois cette image. Il ne s’agissait plus d’une photo satellite, seule une vitre épaisse me séparait désormais de l’ex-île aux fleurs : j’eus immédiatement trop chaud. »
Retour dans le concret, ici et maintenant. Pas d’imaginaire à Bure, dans la Meuse, mais une réalité : le projet Cigéo (Centre industriel de stockage géologique) d’enfouissement des déchets nucléaires les plus dangereux. Dans le camp du collectif Les Rayonnantes, sorte de zone à défendre installée à Bure, June, non binaire et transgenre, et Anna se mobilisent, avec des centaines de personnes, aux côtés de Greenpeace France. Si l’on stocke ici des déchets qui mettront des milliers d’années à perdre leur radioactivité, la flore ne se développera plus, et les risques d’incendies seront inévitables dans la surface touchée. Leur force pour faire bouger les lignes ? « La puissance du collectif, et surtout la joie », dit June.
Rêves climatiques, épisode 5 de la saison 4 du podcast Injustices, « Un jour la Terre s’ouvre », série documentaire de Lucile Torregrossa, réalisée par Anna Buy (Fr., 2022, 5 × 30 min).