LA LISTE DE LA MATINALE
Côté américain, deux séries historiques, situées à New York au tournant du siècle et à Amsterdam sous l’Occupation. Côté français, deux réussites qui se lovent dans l’intimité des personnages, un groupe de randonneuses qui ne veulent pas se laisser dicter leur destin et un pauvre mâle solitaire qui cherche sa place.
« City on Fire » : la mélancolie de l’après 11-Septembre
A sa sortie en 2015, un article de The Atlantic avait pointé la proximité narrative entre le livre de Garth Risk Hallberg, dont la série de Josh Schwartz et Stephanie Savage (Gossip Girl) est inspirée, et les meilleures séries télévisées américaines – The Wire ou Mad Men, pour ne citer qu’elles. Huit ans après, la boucle est bouclée, puisque la série produite par Apple TV + se donne pour mission d’exprimer tout le potentiel romanesque de cette fresque new-yorkaise très dense (le roman appartient à la catégorie poids lourd), tout en l’adaptant à un plus large public.
Pour mieux parler aux millénials, le récit est ainsi transposé de la fin des années 1970, définitivement ringardes, au début des années 2000, juste après les attentats du 11 septembre 2001. La métropole sale, dangereuse mais bouillonnante a laissé la place à une ville où la gentrification galopante – on est à la veille de l’élection de Michael Bloomberg – est en train d’affadir la vie artistique locale.
Comme dans le livre, la série a pour point de départ la découverte du corps d’une jeune fille, Samantha, dans Central Park, un soir de fête nationale. Amie d’un jeune orphelin du 11-Septembre, maîtresse d’un riche homme marié, proche d’un groupe de rock mi-punk mi-grunge aux activités louches : Samantha se trouve à la croisée d’une poignée de destins qui forment la trame de la série, dont l’ambition est plus de dessiner le portrait d’une ville et de ses habitants que de résoudre une enquête. Nourri d’intrigues d’intérêt inégal, ce portrait est imparfait mais par moments émouvant dans ce qu’il capte de la mélancolie post-attentats, et du sentiment que plus rien ne sera comme avant. Au. F.
Série créée par Josh Schwartz, Stephanie Savage. Avec Wyatt Oleff, Chase Sui Wonders, Jemima Kirke, Ashley Zukerman (E.-U., 2023, 8 × 52 min). Trois épisodes sur Apple TV + le 12 mai, puis un épisode par semaine chaque vendredi.
« Une lueur d’espoir » : la leçon de résistance de Bel Powley
Portée à la scène et sur grand écran, l’histoire d’Anne Frank a fait l’objet de plusieurs adaptations télévisées mineures. Créée par Joan Rater et Tony Phelan, diffusée à l’origine sur la chaîne National Geographic, comme pour en renforcer la portée documentaire, Une lueur d’espoir sort du lot en proposant, pour la première fois, de raconter l’histoire des Frank vue « du dehors », à travers les yeux de la jeune secrétaire qui prit des risques – dont la série montre à quel point ils étaient grands – pour assurer la survie de la famille Frank après leur entrée dans « l’Annexe », l’espace caché derrière les bureaux de l’entreprise familiale, où les Frank (rejoints ensuite par d’autres juifs) vivront pendant deux ans. Faute d’avoir pu éviter leur arrestation, Miep Gies fut celle qui trouva et conserva le journal d’Anne jusqu’au retour de déportation d’Otto Frank, seul rescapé de la famille.
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