Quatre séries à voir, de Madrid sous Franco au retour des footballeuses mangeuses d’homme

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LA LISTE DE LA MATINALE

Trois nouvelles propositions, venues d’Espagne, de Croatie et de Palm Springs, et le match retour de l’équipe des Yellow Jackets : du romanesque le plus traditionnel au grotesque macabre, en passant par l’humour post-socialiste, le menu séries de la semaine nécessite un solide estomac.

« Les Patients du docteur Garcia » : Madrid, nid de nazis

Disparue en 2021, la romancière Almudena Grandes a consacré la dernière partie de son œuvre à la chronique des Episodes d’une guerre interminable, comme elle avait intitulé la fresque en quatre volets qu’est venu conclure son ultime ouvrage, Les Patients du docteur Garcia. Pour cette républicaine convaincue, grandie sous le franquisme, la guerre d’Espagne a continué bien au-delà de l’entrée des troupes franquistes à Madrid et Barcelone. Aujourd’hui adapté en série par la télévision publique espagnole, avec l’appui de Netflix, Les Patients du docteur Garcia fouille dans l’un des aspects les plus répugnants du franquisme, la complicité active avec le fascisme et le nazisme, bien après le 8 mai 1945. Le héros du livre, médecin contraint à la clandestinité, tente d’entraver ceux qui soustrayaient les criminels allemands à la justice grâce aux efforts combinés du régime du caudillo et de l’Eglise. Autour de cette solide trame historique, la série tisse sans beaucoup d’inventivité, mais avec conviction, un entrelacs d’intrigues amoureuses (le docteur Garcia est le père d’un garçon de mère franquiste) mises en scène avec un sérieux et une conviction désarmants. T. S.

Série espagnole écrite par José Luis Martin, d’après le roman d’Almudena Grandes, avec Javier Rey, Tamar Novas, Veronica Echegui, Javier Abad (Espagne, 2023, 10 x une heure). En intégralité sur Netflix.

« High Desert » : … depuis trop longtemps

Drôle d’endroit que le désert californien autour de Palm Springs. Il a beau être hypercivilisé, avec ses champs d’éoliennes, ses salons de beauté et ses galeries d’art, sa population a tendance à retourner à l’état sauvage. Peggy, par exemple, que l’on découvre, le temps d’un prologue, en mère de famille prospère, qui voit sa réception de Thanksgiving gâchée par l’irruption des agents de la Drug Enforcement Administration. Dix ans plus tard, quand cette série absurde, grotesque et hypnotisante commence pour de bon, Peggy n’a toujours pas remonté la pente. Mais Patricia Arquette lui prête une vitalité faite à parts égales d’intelligence pénétrante et de mythomanie qui emporte ces huit épisodes. S’y succéderont un mari bon à rien sorti de prison au mauvais moment (Matt Dillon), un présentateur de télévision dont la psyché vacille et la fibre morale s’atrophie (Rupert Friend), une mère morte (Bernadette Peters) qui a laissé derrière elle un sosie tout à fait décevant et un détective privé dépressif (Brad Garrett)… D’abord un peu difficile à digérer, cette accumulation finit par générer un sens du vide tout à fait terrifiant. Jay Roach, qui a dirigé tous les épisodes, est un spécialiste de la grosse comédie (Mon Beau-père et moi, par exemple) et certaines séquences ramènent à cette vieille tradition hollywoodienne. Mais il sait aussi respecter son matériau, lorsque celui-ci lorgne plus du côté de Samuel Beckett que de Mack Sennett. T. S.

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