Pour les circassiens, un fort désir de jouer sous chapiteau

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Bleu, rouge, jaune. Les codes couleur du cirque claquent sur le ciel bleu. La toile multicolore du nouveau chapiteau du Plongeoir, labellisé Pôle national du cirque, hisse haut le drapeau des arts de la piste. Inauguré en 2022, cet espace permanent, conçu au Mans dans une démarche écologique par l’architecte Christophe Theilmann, sert d’écrin à une arène circulaire, des gradins de 400 places, sous une coupole en bois de 20 mètres de haut. « Il y a un confort de travail, tout en conservant le côté brut, s’enthousiasme Richard Fournier, le directeur. Mais c’est d’abord un lieu de vie, au centre duquel sont donnés des spectacles. » Représentation ou pas, une personne accueille chaque jour les habitants du quartier dans le café.

Comme 216 établissements en France, en Allemagne, en Pologne, jusqu’au Burkina Faso et même à Taïwan, le Plongeoir fête, du vendredi 17 au dimanche 19 novembre, la cinquième édition de La Nuit du cirque, organisée par l’association Territoires de cirque. Depuis le premier rendez-vous, en 2019, la « Nuit » s’est multipliée par trois et additionne 275 propositions. Au Plongeoir, samedi 18 novembre, une Pyjama Party, avec dix-sept circassiens et musiciens, sous la houlette du jongleur Johan Swartvagher, rassemblera le public jusqu’au matin. « C’est une traversée sous le signe de la bienveillance, souligne Richard Fournier. Chaque spectateur se verra attribuer un ange gardien. » Entre des performances et des ateliers en tête à tête avec un artiste, un boulanger pétrira et cuira la pâte à pain en direct pour le petit déjeuner.

Le Plongeoir appartient au réseau des quatorze Pôles nationaux du cirque, dont l’une des missions est de soutenir dans un espace dédié les spectacles sous chapiteau. « Défendre l’écriture circulaire sous chapiteau est crucial actuellement, affirme Richard Fournier. De plus en plus de jeunes artistes sortent des écoles supérieures avec des pièces en solo ou en duo imaginées pour des salles “en frontal”. Si l’on continue comme ça, ce qui fonde le cirque risque de disparaître. »

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Menace sérieuse

Ce cri d’alarme trouve un écho chez nombre de professionnels du cirque contemporain. Codirecteur de L’Azimut, à Antony (Hauts-de-Seine), Marc Jeancourt confirme : « Les dernières troupes issues du Centre national des arts du cirque [à Châlons-en-Champagne] qui ont acheté un chapiteau sont AOC et Galapiat, et c’était il y a plus de dix ans. La réalité du chapiteau semble déconnectée de l’enseignement. Les jeunes n’ont plus les moyens de rêver du chapiteau et ne créent plus de grandes formes circulaires. » Conséquence directe : les programmateurs font appel aux compagnies australiennes et québécoises lorsqu’ils ont envie d’une production d’envergure. Ce qui n’empêche pas les enseignes historiques françaises comme Rasposo, Trottola ou Aïtal de tourner beaucoup.

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